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Cours de formation générale : séquence B/5

Comme tous les cours de formation générale, cette page comprend 3 unités :

  1. Le cours de théologie biblique (seuls les titres de chapitre sont disponibles)
  2. Le cours de doctrine ;
    accompagné des lectures complémentaires
    (à télécharger)
  3. Le cours d'histoire de l'Eglise (ou plus exactement les fiches distribuées lors des cours)

1.

Plan du cours de théologie biblique (B/5)
Le message des livres poétiques, de sagesse ou de piété

1/ L'HOMME EN PRISE AVEC SON EXISTENCE

a/ Une autre forme de la révélation

b/ La foi à l'épreuve de la vie

c/ Déjà... mais pas encore

2/ LE RECUEIL DES PSAUMES : LE LIVRE DE PIETE

a/ La relation à Dieu

b/ La prière est dialogue

c/ La louange : sommet de l'expérience religieuse

3/ LA SAGESSE DES PROVERBES

a/ Comment mieux vivre en ce monde

b/ Une confiance dans l'ordre des choses

4/ LA SAGESSE MISE EN QUESTION

a/ L'Ecclésiaste ou l'angoisse du non-sens

b/ Job ou le défi de la souffrance

5/ LE CANTIQUE DES CANTIQUES : une sympathique énigme !

2.

Cours de doctrine B/5
L'AU-DELA, ET CE QUI DOIT ARRIVER BIENTOT (2)

PROXIMITE DU ROYAUME ET RETOUR DE JESUS-CHRIST

- Que le temps du rétablissement de toute chose soit proche, la Bible le proclame sous des formes multiples. Cette annonce s'appuie dans le Nouveau Testament, d'une part sur la présence déjà effective du Christ (Mt. 3/2, 4/17), et d'autre part sur la perspective prophétique de son retour en gloire (Ap.1/l et 22/20).

- Depuis la venue du Christ, terme de toute l'histoire de la Rédemption, nous sommes entrés dans les "derniers temps/jours" (Ac.2/l6-17 ; Héb.1/2 ; Jc.5/3) . Ceux-ci sont caractérisés essentiellement par le fait qu'en Christ le Royaume messianique commence (Lc.17/20-21). Les événements qui vont de la croix à l'Ascension constituent l'intronisation du Messie dans sa fonction royale (Jn.l2/32 ; Ac.2/36). Tout pouvoir lui ayant été donné sur la terre comme au ciel (Mt.28/18).

- Il faut donc que le Christ règne jusqu' à ce qu'il ait "mis tous ses ennemis sous ses pieds" (1Co.15/25). L'achèvement glorieux de ce processus sera marqué par la venue du Seigneur (1Jn.2/28), phénomène universel (Mt.24/26-27) qui mettra un terme définitif à l'activité maléfique dans la création de Dieu (1Co.15/26 ; 2Th.2/8).

- L'Eglise attend cette venue, non pas comme un événement lointain mais comme une promesse devant se réaliser bientôt (Ap.3/11). Ainsi, chaque génération se prépare comme il convient au retour de l'époux (Mt.25/1 ; Ap.21/2). La prochaine venue du Seigneur est la perspective centrale du peuple de Dieu dans ces "derniers jours", elle motive notre sanctification (1Th.3/13 ; 1Jn.3/2-3 ; Rm.13/11-12) , renouvelle notre espérance (Tt.2/13) et nourrit constamment la prière de l'Eglise (Mt.6/10 ; Ap.22/17).

LES SIGNES DES TEMPS

- A partir de la prophétie sur la destruction du temple, la question des signes annonciateurs des derniers temps jaillit de la bouche des disciples (Mc.13/2-4) et n'a cessé d'agiter depuis le monde chrétien. Scrutant les moindres indications bibliques, certains ont cru pouvoir annoncer le retour du Seigneur pour tel ou tel moment, année ou époque. C'est la une vaine recherche, Dieu n'ayant pas tenu à nous révéler le moment de ce grand jour (Mc.13/32 ; Ac.1/6-7). Plusieurs paraboles insistent d'ailleurs sur le caractère inattendu de ce retour à tel point que même les "vierges sages", représentant le peuple fidèle, sont surprises en plein sommeil (Mt.25/6-7) ! En conséquence, les signes qui nous sont effectivement donnés n'ont pas pour but de nous permettre de découvrir ce qui est caché, mais de nous aider à ne pas nous décourager dans notre attente.

- Ainsi en est-il des paroles sur la destruction du temple (Mt.24/2 et 15), la dispersion d'Israël (Mt.23/37-38, 24/16-20), la persécution des disciples (Mt.24/9-10), l'apparition de faux messies ou de faux prophètes (Mt.24/4-5, 11, 23-26), les guerres entre nations, les famines, les tremblements de terre et une certaine victoire du mal sur l'amour (Mt.24/6-7, 12, 21-22). Tous ces événements négatifs sont "comme les premières douleurs de l'accouchement" (Mt.24/8), ils ne doivent donc pas démoraliser les fidèles.

- Par ailleurs, plusieurs paraboles laissent entendre que le temps d'absence du "roi" ou de "l'époux" sera relativement long (Lc.19/11-12 ; Mt.24/48, 25/5), préparant ainsi l'exhortation à la patience que nous trouvons sous la plume de l'apôtre Pierre (2Pi.3/8-9). Trois signes semblent pourtant liés d'une manière plus précise au retour du Seigneur :

1) La manifestation de "l'antichrist" (1Jn.2/18) ou du "méchant" (2Th.2/3) que l'on peut mettre en parallèle avec le récit des deux bêtes d'Apocalypse 13. Cette incarnation du mal sous une forme pseudo-messianique (2Th.2/4 et 9, Ap.13/13-18) doit précéder le retour du Christ. Toutefois "la puissance secrète de la Méchanceté est déjà à l'oeuvre" (2Th.2/7) et dès "maintenant, de nombreux adversaires du Christ (antichrist) sont apparus" (1Jn.2/18). Ces réalisations provisoires et avant terme de l'oeuvre du Méchant a permis au cours des siècles d'identifier l'antichrist avec ses nombreux clones. Ainsi, ce signe doit être reçu avant tout comme une mise en garde plutôt que comme un moyen de connaître l'heure à l'horloge de Dieu !

2) La conversion d'Israël (Rm.11/25-26). La Bible affirme en effet que l'incrédulité d'Israël est provisoire et qu'un temps de salut arrivera en dernier lieu pour ce peuple qui avait été appelé en premier (Mt.20/l6). Plusieurs questions importantes se posent néanmoins :
w La reconstitution d'un Etat d'Israël fait-elle partie des nécessités de cette promesse de conversion ? L'apôtre Paul n'en parle pas et Jésus esquive la question des disciples en montrant que la promesse de l'Esprit est plus importante (Ac.1/6-8) ;
w Qu'est-ce qui fait le Juif ? La race ou la religion... ou les deux ?
w Le "tout Israël" de Romains 11/26 concerne-t-il la globalit" d'une génération, de plusieurs générations, ou bien l'ensemble des Juifs qui au long de l'histoire ont été destinés au salut ?
w Cette conversion interviendra-t-elle comme un dernier signe dans l'histoire des nations ou bien comme une conséquence de la venue du Seigneur ?
Toutes ces difficultés doivent nous inciter à parler de cette question avec prudence et écoute mutuelle.

3) Le signe, sans doute le moins sujet à controverse, est celui de l'annonce de l'Evangile dans le monde entier (Mt.24/14). L'Eglise a reçu vocation de parler du Christ, d'annoncer le Royaume à tous les hommes de la terre (Mt.28/19 ; Ac.1/8). Lorsque cette mission sera parvenue dans sa plénitude, alors le temps de grâce s'achèvera et le jugement pourra avoir lieu. Bien entendu, si le signe est clair, son interprétation laisse une marge d'appréciation considérable ce qui, une dernière fois, nous interdit toute spéculation.

LE MILLENIUM

- Le texte d'Apocalypse 20 a été à l'origine d'interprétations différentes qu'il convient d'évoquer. Il y a globalement deux axes fondamentaux de compréhension :

1) le pré-millénarisme : Le règne de mille ans qui nous est ici décrit aurait lieu entre le retour du Christ et le jugement dernier. S'appuyant sur un certain nombre de prophéties de l'Ancien Testament les exégètes pré-millénaristes décrivent cette période comme un temps où le Christ vient règner sur la terre "avec une verge de fer" en compagnie de quelques martyrs de la foi ressuscités (20/4-6). La paix et la justice sont établies ici-bas mais bien qu'on y vit longtemps la mort n'est pas abolie. Les Juifs sont missionnaires de la terre entière, mais à la fin, Satan délié (v.7), entraîne une bonne partie de l'humanité dans la révolte (v.8) et la période se termine par un ultime combat où Satan et ses troupes sont définitivement éliminés (v.9-10). C'est à ce moment seulement qu'a lieu le jugement dernier, la résurrection finale, les nouveaux cieux et la nouvelle terre.

2) l'a-millénarisme ou post-millénarisme : Cette période décrite en Apocalypse 20 est en fait une évocation symbolique du temps qui va de la victoire du Christ lors de sa passion-résurrection-ascension (Satan enchaîné, cf. Mc.3/27, Col.2/15, Luc 10/17-18) jusqu'au retour du Seigneur, qui conclut cette victoire par l'élimination définitive du grand ennemi de Dieu et de sa création. Ainsi ce temps est le temps de l'Eglise ; la première résurrection (Ap.20/5) correspondant soit à la nouvelle naissance, soit à l'entrée dans la vie auprès du Christ après l'épreuve de la mort, Satan relâché trouvant un parallèle dans les prophéties sur l'apostasie et la venue finale de l'antichrist.

LA CONDAMNATION ETERNELLE

- S'appuyant sur des notions générales comme l'amour de Dieu ou la valeur universelle du sacrifice de Jésus-Christ, bien des théologiens contemporains ont nié la possibilité d'une condamnation finale et définitive de l'homme. Quelle que soit l'argumentation que l'on développe, l'abondance des textes bibliques sur le sujet doit mettre rapidement un terme au débat pour quiconque confesse l'autorité souveraine des Ecritures en matière de foi. Cet aspect sombre de l'avenir est bel et bien présent. Il est décrit en des termes divers : mort/ perdition/corruption/géhenne... la menace est réelle et bien des hommes y succomberont (Mt.25/31-46).

- Le sort final de ceux qui ont persisté dans leur opposition à Dieu est en quelque sorte conforme à leur choix lorsqu'ils auront " une ruine éternelle loin de la présence du Seigneur " (2Th.1/9). Cette "seconde mort" est quelquefois conçue comme un anéantissement, mais il faut bien se rendre compte que cela n'apparaît pas conforme aux descriptifs bibliques (Mc.9/47-48 ; Ap.20/10) qui font référence à des tourments, lesquels impliquent, bien sûr, une certaine conscience de soi. "L'enfer" est donc, en symétrie du Royaume, l'expression en négatif de la victoire universelle et définitive du Christ. Contrairement à l'imagerie populaire, il n'est plus un lieu de révolte, car de leur situation de ténèbres les perdus ne pourront pas moins faire que de confesser la Seigneurie du Christ (Ph.2/10-11).

Lectures complémentaires
à télécharger


de
Michel Johner : extrait de "L'universalité et la particularité du salut chrétien"
in Revue Réformée n°156/1988 ; les pages 36 à 39
&
"Notre espérance dans la vie et dans la mort"; Notes pour cercles d'études et réflexions personnelles (étude n°8 : "Le retour des Juifs en Israël")
&
"Notre espérance dans la vie et dans la mort"; Notes pour cercles d'études et réflexions personnelles (étude n°9 : "Le règne de mille ans")

document RTF de 70 ko
Note : plusieurs articles ou extraits d'articles proposés dans ce site sont issus de la Revue Réformée. Depuis plus de soixante ans cette publication présente des études dans une perspective réformée confessante.
Paraît cinq fois par an. Abonnement : 32 euros à LA REVUE REFORMEE,
33, avenue Jules Ferry, 13100 Aix-en-Provence.
La Revue Réformée peut être consultée sur Internet :
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3.

Histoire de l'Eglise (B/5)

Les documents ci-dessous sont essentiellement issus d'un dossier catéchétique publié au début des années 70 par la Société des Ecoles du Dimanche et intitulé : "30 fiches d'histoire de l'Eglise". Ce dossier n'est plus édité.

La Réforme en Europe

K La Réforme s'étend rapidement dans le nord de l'Europe ; mais son audience est beaucoup moins grande dans les pays méditerranéens.

K En Angleterre, Henri VIII crée l'Eglise anglicanne.

J En Ecosse, John Knox fonde une Eglise presbytérienne.

L Aux Pays-Bas, l'Eglise évangélique connaît la persécution et l'exil.

 

I. - LA REFORME EN ANGLETERRE

1. - L'influence de Wyclif et d'Erasme.
L'Eglise d'Angleterre, qui subit en profondeur l'influence de Wyclif, souhaite une réforme de sa vie et de son organisation.
Henri VIII (1491-1547) qui a beaucoup apprécié les idées d'Erasme}fait épurer le clergé régulier et créer un enseignement supérieur orienté à la fois vers l'humanisme et vers les idées spirituelles qui se manifestent sur le continent. Mais Henri VIII combat Luther en qui il voit un adversaire de l'humanisme et l'auteur de troubles religieux.
En fait la rupture entre le roi d'Angleterre et le pape se produit à l'occasion de problèmes dynastiques.

2. - Naissance de l'Eglise anglicane.
Henri VIII qui a épousé Catherine d'Aragon alors qu'il avait quatorze ans veut faire annuler son mariage (Catherine d'Aragon était déjà veuve du frère aîné d'Henri VIII et le mariage d'Henri VIII et de Catherine avait soulevé des difficultés canoniques). Le roi veut épouser Anne Boleyn afin d'avoir des enfants mâles susceptibles de lui succéder. Le légat du pape, Wolsey, ne réussit pas à obtenir du pape l'annulation définitive du premier mariage. Henri VIII rompt alors avec le pape et se déclare " chef suprême de l'Eglise d'Angleterre ", une Eglise d'Etat qui conserve sa hiérarchie : évêques, prêtres et diacres, une Eglise où la succession apostolique se poursuit normalement, mais où les couvents sont supprimés et les biens du clergé sécularisés. Dans cette nouvelle Eglise les images disparaissent, les prières sont dites en anglais ; et c'est aussi en anglais qu'on y lit la Bible, dans la version établie par Tyndale. Henri VIII n'a cependant rien d'un réformateur au sens où d'ordinaire on l'entend pour Calvin, Luther, Zwingli. A certains moments il lui arrive même de persécuter les réformés en même temps que les catholiques romains ; en réalité il crée une Eglise nationale : l'Eglise anglicane

3. - Affermissement de l'Eglise anglicane.
Les successeurs d'Henri VIII se trouvent malgré tout devant une situation de fait qu'il n'est pas facile de modifier. Sous Edouard VI le " Prayer Book ", liturgie et livre de prières en anglais voit le jour, ainsi que 42 Articles constitutifs de l'Eglise.
Le règne de Marie Tudor marque une réaction violente du catholicisme romain ; la reine en arrive même à une persécution sanglante qui lui a valu le surnom de "Marie la sanglante".
La reine Elisabeth connaît un long règne qui lui permet de fixer la forme sous laquelle l'Eglise anglicane doit vivre. Les 39 Articles de la Confession Anglicane donnent à cette Eglise ce caractère original d'avoir gardé des éléments importants du catholicisme (sens de la hiérarchie, succession apostolique, forme du culte) tout en empruntant à la Réforme des notions essentielles (place de la Parole de Dieu dans le culte, coupe de la cène aux laïcs, mariage possible des ministres du culte).

II. - LA REFORME EN ECOSSE.

1. - John Knox.
En Ecosse, John Knox marque de sa personnalité une réforme très influencée par les idées de Calvin.
Knox (il faut prononcer Nox) naît près d'Edimbourg en 1505 ; après de sérieuses études universitaires, il se destine à devenir prêtre. Mais les idées de la Réforme sont connues en Ecosse et Knox adhère à ces idées après l'étude de la Bible, d'Augustin, et aussi sous l'influence de la prédication enflammée de George Wishart. La mort de ce dernier, brûlé v if en 1540, amène les réformés à s'emparer du château de Saint-André. Mais l'armée du roi, appuyée par la flotte française, reprend Saint-André ; et Knox doit ramer pendant dix-neuf mois sur les galères du roi de France Henri II. Relâché sur une intervention d'Edouard VI, il retourne en Angleterre où il demeure jusqu'à l'avènement de Marie Tudor. Obligé de s'exiler, il fait trois séjours à Genève où il se lie avec Calvin.
Appelé par les seigneurs écossais qui se sont attachés aux idées réformées, il débarque en Ecosse en 1559. Des Eglises calvinistes se fondent en plusieurs grandes villes ; et l'intervention de la reine Elisabeth d'Angleterre amène le triomphe de la Réforme en Ecosse. En 1560, le Parlement abolit l'autorité papale, interdit la messe et révoque les mesures prises contre les réformés ; il ratifie la Confession de foi présentée par Knox.

2. - Luttes et victoires.
Mais la Réforme n'est pas pour autant installée définitivement en Ecosse. Marie Stuart, veuve à dix-neuf ans du roi de France François II, revient en Ecosse pour y règner en souveraine catholique. Knox lui tient tête fermement, par ses prédications à la cathédrale d'Edimbourg comme dans les discussions face à face. Marie Stuart doit quitter l'Ecosse. L'Eglise presbytérienne s'implante solidement dans ce pays.
Profondément peiné par la Saint-Barthélemy, Knox meurt quelques mois après ce massacre (1572), laissant le souvenir d'une personnalité originale et hardie.

IlI. - LA REFORME AUX PAYS-BAS.

1. - Les débuts de la Réforme.
Malgré les sévères édits de Charles-Quint et de Philippe II, les idées évangéliques se répandent dans les dix-sept provinces qui constituent alors les Pays-Bas. Deux personnalités marquent cette époque d'une forte empreinte : Guy de Brès et Guillaume d'Orange.

2. - Guy de Brès.
Originaire de Mons, il se rattache très vite à la Réforme. Après un temps d'exil en Angleterre, il prêche et voyage plusieurs années dans le nord de l'Europe. Vers 1559, il prend la direction de l'Eglise calviniste de Tournai. Mais la persécution le contraint à se réfugier à Sedan. Il revient à Anvers, puis à Valenciennes. C'est dans cette ville qu'il est arrêté et exécuté en 1567. Guy de Brès a rédigé plusieurs ouvrages théologiques, en particulier la Confession de foi des Eglises néerlandaises connues sous le nom de "Confessio Belgica" (1561).

3. - Guillaume d'Orange.
Ayant adhéré à la Réforme en 1565, Guillaume d'Orange dirige une Ligue appelée Compromis des Nobles qui lutte pour que l'inquisition ne s'installe pas aux Pays-Bas. La ferme attitude de ceux qu'on surnomme, les Gueux donne courage aux réformés mais provoque une violente réaction de Philippe II. Guillaume d'Orange, surnommé le Taciturne, doit s'enfuir.
A la tête des armées et de la marine, il conquiert une partie des Pays-Bas dont il est nommé Stathouder. Il crée en 1579 l' "Union d'Utrecht" qui groupe les sept provinces du Nord des Pays-Bas et quelques centres calvinistes en une communauté protestante.
Mais Guillaume d'Orange, qui a déjà échappé à plusieurs attentats, est abattu à Delft de trois coups de pistolet (1584).

4. - Un témoignage difficile.
Les Eglises évangéliques s'organisent lentement. Le premier synode national des Eglises réformées néerlandaises se tient à Dordrecht (1578). Mais les évangéliques sont persécutés et contraints à l'exil. Un petit noyau subsiste quand même, qui essaie de vivre fidèlement l'espérance de jours meilleurs.

  THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1.Le régent Morton a dit aux obsèques de John Knox : " Ici repose celui qui n'a jamais redouté visage d'homme." Trouver dans la Bible des témoins de Dieu auxquels on pourrait appliquer la même parole.

2. Expliquer la parole célèbre de Guillaume le Taciturne : " Il n'est pas nécéssaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer."

 

Document :

 

PREAMBULE DE LA CONFESSION ECOSSAISE DE 1560

Chers frères, nous désirions depuis longtemps exposer au monde un résumé de la doctrine que nous confessons et pour l'amour de laquelle nous avons supporté opprobres et périls. Mais la fureur de Satan contre nous et contre Jésus-Christ - contre sa vérité éternelle telle qu'elle a repris vie parmi nous - fut si violente que nous n'eûmes pas le loisir, jusqu'ici, de mettre notre conscience à l'aise, vis-à-vis de vous, ce que nous souhaitions toujours de faire.

Nous osons supposer que la plus grande partie de l'Europe est au courant de ce que nous avons enduré au cours de toute l'année passée. Mais la bonté infinie de Dieu, qui n'a jamais toléré que les fidèles opprimé s pour son nom soient totalement anéantis, ayant permis, contre toute attente, que nous jouissions d'une certaine tranquillité et liberté, nous n'avons d'autre devoir que de publier cette brève et nette confession de la doctrine qui nous a été donnée, à laquelle nous avons cru et que nous reconnaissons : d'une part pour dissiper les doutes de ceux d'entre nos frères dont les coeurs sont meurtris par suite des reproches insensés de ceux qui n'ont point encore appris le langage raisonnable ; d'autre part, pour fermer la bouche aux calomniateurs sans vergogne, qui dénigrent ce qu'ils n'ont encore jamais entendu, par conséquent moins encore compris...

Quiconque découvrira, dans notre confession, un article quelconque ou une proposition qui contrediraient à la sainte Parole de Dieu, qu'il veuille bien s'employer très aimablement, et pour l'amour de la charité chrétiennes, à nous les signaler par écrit. Nous lui promettons, sur honneur et fidélité, soit réfutation par la bouche même de Dieu, c'est-à-dire par sa Parole, soit correction de ce dont il nous aura prouvé la fausseté. Nous prenons Dieu à témoin que nous avons en horreur toutes les sectes hérétiques et toutes les doctrines hétérodoxes et que nous voulons nous en tenir humblement au pur Evangile du Christ, la seule nourriture de nos âmes ; qui nous est si cher que nous sommes décidés à supporter les plus extrêmes périls terrestres plutôt que d'en être dépouillés.

1. Pour quelles raisons cette Confession de foi n'a-t-elle pas été rédigée plus tôt ?
2. Dans quels buts cette Confession a-t-elle été rédigée ?
3. Pourquoi ce préambule demande-t-il qu'on signale tout ce qui, dans la Confession de foi, contredirait la Parole de Dieu
4. Pourquoi ce préambule condamne-t-il les "sectes hérétiques" et les "doctrines hétérodoxes" ? Pourquoi veut-il que les chrétiens s'en tiennent au "pur Evangile du Christ" ?

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L'Eglise romaine au XVIe siècle

 

J En face des importants progrès de la Réforme en Europe, l'Eglise romaine connaît à son tour un effort de renouvellement.

K Cet effort se manifeste chez certains papes, mais surtout dans les ordres religieux nouveaux et dans le concile de Trente.


I. - ROME ET LA PAPAUTE.

Les esprits éclairés qui sont à Rome n'ont pas attendu le bouleversement luthérien pour prendre conscience de la nécessité d'un renouvellement. Mais ces esprits clairvoyants sont peu nombreux, et cette amélioration romaine n'aura jamais l'ampleur d'une véritable réforme.

1. - Les ordres religieux sont renouvelés, qu'ils soient Bénédictins, Dominicains, Augustins ou Franciscains (où les Capucins prennent de plus en plus, d'importance). Des ordres nouveaux voient le jour, les plus notables étant l'Oratoire du Divin Amour et les Théatins.

2. - Les papes.
Pour succéder au frivole Léon X on nomme Adrien VI, un homme de grande valeur morale, mais qui n'est pape qu'un an.
Les papes qui succèdent à Adrien VI sont des politiques entourés d'une cour brillante mais inconsciente des vrais problèmes.
Après Clément VII, nous avons Paul III (1534-1549) qui nomme en 1536 une commission de réforme de neuf membres parmi lesquels on compte des cardinaux en renom comme Sadolet, Pole, Caroffa, Contarini. Paul III convoque un concile qui doit se tenir à Trente en 1542. Comme la guerre entre Charles-Quint et François ler reprend, il faut attendre la paix de Crépy (1544) pour réunir ce concile. Mais déjà un ordre nouveau est à l'oeuvre : l'ordre des Jésuites.

II. - IGNACE DE LOYOLA ET L'ORDRE DES JESUITES.

1. - Le fondateur de l'ordre des Jésuites est né en Espagne, dans le pays de la mystique Thérèse d'Avila et de la douloureuse Inquisition. Ignace veut être chevalier, mais une grave blessure au siège de Pampelune, attaquée par les Franco-Navarrais (1521), l'empêche de vivre cette vocation première et le laisse sur un lit de souffrance. Il a vingt ans. Répondant à un appel de Dieu, il veut suivre la voie tracée par les saints et en particulier aller annoncer l'Evangile aux infidèles qui sont à Jérusalem. Après un long temps de retraite et d'austères exercices de pénitence, il trace l'esquisse du livre qui deviendra plus tard les Exercices Spirituels.

2. - Après un voyage à Jérusalem, il décide de se mettre à l'étude et vient travailler la théologie à Paris. Autour de lui se réunissent des étudiants pieux. Ensemble ils veulent fonder un ordre destiné à convertir les infidèles et à travailler au service des âmes. Le 15 août 1534, dans une petite chapelle de la colline de Montmartre, les sept compagnons se réunissent pour fonder un ordre nouveau, la compagnie de Jésus, qui sera reconnue par le pape en 1540. Parmi ces hommes, outre Ignace de Loyola, il faut noter François-Xavier, qui deviendra le plus célèbre missionnaire de l'Eglise romaine au XVIe siècle.

3. - Ignace, qui vit à Rome jusqu'à sa mort, devient le premier général de cette compagnie qui est hiérarchisée et comprend, après le général, des provinciaux et des recteurs. Au sein de cette compagnie une obéissance totale est exigée. Les jésuites disposent de nombreux privilèges, en particulier de prêcher en tous lieux sans demander l'autorisation de l'évêque diocésain, de pouvoir confesser tous les gens, de ne dépendre que du pape. Ils n'ont aucun costume particulier.
A la mort d'Ignace de Loyola, ils sont 1 000. Cinquante ans plus tard ils sont 13 000.

Ill. - LE CONCILE DE TRENTE.

1. - Le déroulement du concile.
Depuis les conciles de Constance et de Bâle au XVe siècle, de nombreuses voix demandent la convocation d'un concile général, le concile du Latran (1512-1517) n'ayant pris aucune mesure sérieuse de réforme. Cédant à la pression de l'opinion publique, mais aussi à celle de l'empereur, le pape Paul III convoque un concile à Trente, ville impériale de l'Italie du Nord. En trois périodes séparées par plusieurs années le concile siège de 1545 à 1563, essayant de mener de front les décisions doctrinales et les réformes.
Si la première session ne réunit que 34 prélats, il y en a 235 à la dernière. Les sessions sont présidées par les légats pontificaux, donc par les délégués des papes qui ont à cette époque la responsabilité de l'Eglise romaine : Paul III, Jules III, Paul IV, Pie IV. Seuls les cardinaux, les évêques et les généraux d'ordres religieux ont le droit de vote.

2. - Les résultats du concile.
Le concile définit la Bible, mais aussi la tradition de l'Eglise comme source de la foi. Alors que le protestantisme voit dans l'Ecriture Sainte l'unique source de la foi, le concile déclare dans sa quatrième session que les livres saints et les traditions orales venant des apôtres qui les ont reçues de la bouche du Christ ou du Saint-Esprit, doivent être regardés comme les fondements de la vérité et de la morale chrétiennes.
Le concile fixe les livres canoniques de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, et considère la Vulgate latine comme substantiellement authentique ; il légitime sept sacrements : baptême, confirmation, eucharistie, pénitence, extrême-onction, ordre, mariage.
Par ailleurs un certain nombre de décrets fixent les devoirs du clergé et des laïques, créent des séminaires où l'Eglise romaine compte recruter et former des clercs mieux instruits et plus vertueux.
Après le concile, Pie IV fait rédiger une Confession de foi.
Pour enrayer la diffusion de doctrines estimées dangereuses, il fait publier dans une bulle de 1564 un Index Librorum Prohibitorum, c'est-à-dire la liste officielle des ouvrages que les fidèles ne peuvent, sous peine d'excommunication, lire ou posséder. Ce travail de censure est confié en 1571 à la Congrégation de l'index.
Pie V fait publier le Catéchisme du concile de Trente divisé en quatre parties : le Symbole des Apôtres, les Sacrements, les Commandements de Dieu, l'Oraison dominicale.
Bien que des délégués évangéliques aient participé pendant quelques mois aux travaux de la seconde période du concile, aucun accord entre l'Eglise évangélique et Rome n'intervient. Le problème de l'unité de l'Eglise du Christ n'est pas résolu au concile de Trente.

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Les Constitutions prescrivent aux jésuites une discipline et une obéissance "perinde ac cadaver" (comme un cadavre). Quels sont les avantages et les inconvénients d'une discipline et d'une obéissance de ce genre ?

2. Beaucoup de livres écrits par des jésuites portent l'épigraphe : A.M.D.G., soit Ad Majorem Dei Gloriam, pour la plus grande gloire de Dieu. Tous les chrétiens ne pourraient-ils pas posséder cette devise ? Suppose-t-elle que tous les moyens sont bons pour glorifier Dieu ?

3. L'Eglise orthodoxe connaît sept sacrements : baptême, onction chrismale, eucharistie, pénitence, extrême onction, ordination sacerdotale, mariage. Quelles ressemblances et quelles différences y a-t-il avec l'Eglise romaine et avec les Eglises de la Réforme en ce qui concerne le nombre et le nom des sacrements ?


Document :


DE CE QUI TOUCHE A L'OBEISSANCE
(extraits de : " Les Constitutions de l'ordre des Jésuites ")

Tous s'exerceront à l'obéissance avec grand soin et y excelleront non seulement dans les choses obligatoires, mais aussi dans les autres, lorsque sans ordre formel un Supérieur se contente d'exprimer sa volonté. L'esprit doit être dirigé vers Dieu notre Seigneur et Créateur pour l'amour duquel nous obéissons à un homme. Ni la crainte ni l'inquiétude ne doivent nous guider mais seulement l'amour. Il faut s'efforcer avec persévérance de ne jamais rester en deçà de la perfection qu'on peut atteindre avec la grâce de Dieu en observant exactement les Constitutions et en accomplissant ce qu'exige le caractère particulier de l'Ordre.
Toutes les forces doivent s'appliquer à cette vertu qu'est l'obéissance, due d'abord au Pape, ensuite au Supérieur de l'Ordre. Pour tout ce à quoi peut s'appliquer l'obéissance dans l'amour, chacun, sur un mot du chef, comme si ce mot sortait de la bouche même du Christ, se tiendra prêt sans aucun retard, renonçant à toute autre occupation même à achever une lettre d'alphabet commencée. Toutes nos pensées et tous nos efforts dans le Seigneur doivent tendre à ce qu'en nous soit toujours plus parfaite la sainte vertu d'obéissance aussi bien dans l'exécution que dans notre volonté et dans notre intelligence, tandis qu'avec persévérance et joie intérieure nous accomplissons volontiers tout ce dont nous sommes chargés.
Tout ordre doit nous convenir. Nous renierons pour notre part, toute autre façon de voir et toute autre opinion dans une sorte d'obéissance aveugle, et cela en tout ce qui n'est pas un péché. Chacun doit être convaincu que quiconque vit dans l'obéissance doit se laisser guider et diriger par la divine Providence, avec l'intermédiaire de ses supérieurs comme s'il était un cadavre qu'on peut transporter n'importe où et traiter n'importe comment, tel encore le bâton du vieillard qui sert partout et à tout usage. C'est ainsi que celui qui obéit accomplira, l'âme joyeuse, chaque tâche que le supérieur lui confiera pour le bien de tous, convaincu que de cette façon, plus que toute autre où il suivrait son sens et sa volonté propre, il se conforme à la volonté divine.
On recommande donc instamment à tous de témoigner un grand respect, intérieurement surtout, à leur Supérieur, de voir et d'honorer le Christ en lui et de l'aimer profondément comme leur père dans le Christ. C'est pourquoi leur vie intérieure et extérieure sera pour le Supérieur comme un livre ouvert, afin qu'ils puissent être conduits d'autant mieux dans un esprit d'amour sur le chemin du salut et de la sanctification.

 

1. Pour quelles choses l'obéissance est-elle requise ?
2. A qui est due l'obéissance ? En réalité, à travers les hommes, à qui doit et veut obéir le jésuite ? 3. Quels sont les caractères fondamentaux de cette obéissance ? Quelles images sont employées pour illustrer ces caractères ?
4. Quels rapports doivent exister entre le jésuite et son supérieur ? Quelles conséquences pratiques cela peut avoir ?


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