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Cours de formation générale : séquence A/1

Comme tous les cours de formation générale, cette page comprend 3 unités :

  1. Le cours de théologie biblique (seuls les titres de chapitre sont disponibles)
  2. Le cours de doctrine ;
    accompagné des lectures complémentaires
    (à télécharger)
  3. Le cours d'histoire de l'Eglise (ou plus exactement les fiches distribuées lors des cours)

1.

théologie biblique A/1

RAPPEL DES ELEMENTS CONSTITUTIFS DES 11 PREMIERS CHAPITRES DE LA GENESE

LA CRÉATION :

- Le récit des sept jours (1/1 à 2/4a)

- L'homme et la femme dans le jardin d'Eden (2/4b à 2/25)


LA CHUTE ET SES CONSEQUENCES :

- La désobéissance et les malédictions (chapitre 3)

- Caïn et Abel : le premier meurtre (4/1 à 16)

- Généalogie : la descendance de Caïn (4/17 à 26)

- Généalogie d'Adam à Noé (chapitre 5)

- Le jugement de Dieu sur l'humanité (6/1 à 8)


L'ALLIANCE UNIVERSELLE

- Noé et le récit du déluge (6/9 à 8/20)

- Dieu s'engage auprès de Noé et de sa descendance (8/21 à 9/17)

- Les fils de Noé et leur descendance (9/18 à 10/32)

- Le récit de la tour de Babel (11/1 à 9)

- Généalogie de Sem à Abram (11/10 à 32)

 

2.

cours de doctrine A/1 : DIEU

IL N'Y A QU'UN SEUL DIEU

- Se démarquant de tous les polythéismes environnants la Bible affirme qu’il y a un seul Dieu (Es. 37/20 ; Ps.83/l9 ; Ep.4/6) et en conséquence lorsque les hommes prêtent à des aspects du monde créé des attributs ou des fonctions spécifiquement divines, ils s’inventent des idoles (Jr.16/20).

- Cette unicité de Dieu garantit la cohérence et l’intelligibilité de l’univers, elle garantit du même coup le caractère réel de la notion de vérité (1 Jn.2/21).

- Le diable ne saurait donc être conçu comme une divinité maléfique s’opposant à l’œuvre positive du Dieu bon (dualisme). Le Grand Adversaire est issu de la création, il est donc inclus (à son corps défendant !) dans la grande œuvre souveraine de Dieu (Gn.3/1).

- La Trinité (tri-unité) ne s’oppose nullement à l’affirmation du Dieu Un (Mt.28/19 ; Jn.10/30). Elle révèle cependant que la diversité est inscrite dans l’être unique de Dieu. On peut donc parler d’une unité plurielle, étant entendu que cette pluralité n’ouvre aucune brèche dans l’unité.

LES NOMS BIBLIQUES DE DIEU

Dans l'A.T. :

- El : Signification générale : le fort. C’est le nom générique de toute une série d’appellations divines dans tout le Moyen-Orient Ancien.

- Elohim : Même signification mais au pluriel pour surajouter des notions de majesté, de richesse et de puissance... et peut-être même de pluralité (Gn.1/26). C’est une appellation très fréquente (2500 fois dans l’A.T.).

- El-Elyon : Du verbe monter ; être élevé. On le traduit généralement par le " Très-Haut ".

- El-Schaddaï,  ou simplement Schaddaï : on le traduit généralement par le " Dieu Tout-Puissant ".

- YHWH ou Yahvé (Anciennement Jéhovah) dérivé du verbe être. Sa signification fut introduite par Dieu (Ex.3/14-15). C’est Dieu en tant qu’il est fidèle à son alliance, c’est le Dieu de grâce, le Dieu de la délivrance. C’est le nom le plus employé dans l’A.T. (6823 fois !).

- L’appellation YHWH peut être suivie d’un certain nombre de qualificatifs comme :

YHWH-Jiré, YHWH-Shalom, YHWH-Sabaot, YHWH-Shamma, etc.

 Dans le N.T. :

- Théos est l’équivalent grec de El ou Elohim.

- Kurios, qui signifie Seigneur, lorsqu’il sert à désigner Dieu, prend la place du YHWH de l’A.T. Mais l’appellation la plus caractéristique du N.T., c’est celle de Pater, Père. Enseignée par Jésus (Mt.6/9) elle sert à désigner spécifiquement la première personne de la Trinité. Avec elle, viennent s’inscrire l’évocation du nom de Jésus ou celle du Fils, et celle de l’Esprit-Saint.

LES ATTRIBUTS DE DIEU

- Dieu est éternel : Par là nous voulons dire qu’il n’a ni commencement ni fin, mais nous affirmons également que l’être de Dieu se situe au-delà de la dimension temporelle, laquelle existe comme une loi de la création (Ap.1/8).

- Dieu est invisible : La nature de Dieu ne se prête pas à être observée par aucun de nos moyens d’investigation. De cette manière nous ne pouvons connaître de lui que ce qu’il nous révèle, et nous ne pouvons voir que les effets de son action (Es.40/18 ; Jn.3/8).

- Dieu est immuable : C’est-à-dire qu’il est le même hier, aujourd’hui et éternellement. Son être, contrairement à celui de toute la création, n’est pas soumis au changement (Jc.1/17).

- Dieu est infini : Par là nous disons qu’il n’y a pas de lieu où nous pourrions cantonner Dieu, et par conséquent pas de zone obscure dans l’univers où Dieu ne serait pas. On parle quelquefois à ce propos de " l’omniprésence " de Dieu (1 Rs.8/27 ; Ps.139/7-10).

- Dieu est incompréhensible : Il ne s’agit pas de dire que nous ne pourrions rien comprendre au sujet de Dieu, mais simplement de reconnaître que nos intelligences seront toujours incapables de concevoir dans sa plénitude la réalité de l’être de Dieu. Dieu est toujours plus et au-delà de ce que nous pouvons concevoir (Rm.11/33).

- Dieu est ineffable: Autrement dit, tout ce que nous disons sur lui n’est encore qu’une manière humaine de désigner celui qui nous dépasse. En réalité, il n’y a pas de mot dans notre vocabulaire qui nous permettrait de véhiculer une idée tout à fait adéquate de l’être de Dieu (voir 2 Co.12/2-4).

- Dieu est tout-puissant : Le Dieu qui a créé les cieux et la terre a démontré par là, le pouvoir suprême qui est le sien. Il peut en effet tout faire selon son bon plaisir ; cela ne veut pas dire pourtant qu’il fait tout et n’importe quoi ! Sa toute puissance est au service de sa volonté, ce qui implique que Dieu ne transgresse pas sans cesse les lois qu’il a lui-même données à la création (Jb.42/2).

Certains de ces attributs ont dans l’Ecriture un relief particulier ; il en est ainsi notamment des attributs moraux de Dieu, ceux qui le définissent sans ambiguïté comme un être personnel venant qualifier l’ensemble de la réalité.

- Dieu est saint : De même qu’aux origines la lumière a été séparée des ténèbres, de même Dieu est totalement séparé du péché. En lui tout est lumière, tout est positif, tout est vrai. C’est cela que la Bible appelle la sainteté, c’est elle qui fonde à la fois sa justice et sa bonté.

- Dieu est toute justice : Les notions de droit et de justice s’imposent aux hommes comme un impératif moral incontournable car le prototype même de la justice se trouve en Dieu, lequel est donc parfaitement juste dans ses actions comme dans ses jugements (Dt.32/4).

- Dieu est toute bonté : C’est la plus extraordinaire des révélations que la Bible nous apporte au sujet de Dieu. Dieu est amour, il prend plaisir à faire du bien aux hommes. C’est pourquoi il a décidé en Jésus-Christ de s’attacher un peuple et de le faire passer des ténèbres de la chute à son admirable lumière en répandant son pardon sur un grand nombre (1 Jn.4/7-10).

La foi biblique en un Dieu tout-puissant mais personnel, transcendant mais actif dans le monde, doit nous garder à la fois d’un déisme spéculatif dans lequel le monde est en fait livré à lui-même, et d’un panthéisme mystique où Dieu est finalement confondu avec l’univers créé.

Lectures complémentaires
à télécharger

de Pierre Courthial : extrait de "La Confession de foi de La Rochelle - Commentaire"
Les Cahiers de "Tant qu'il fait jour" et Société des Compagnons pour l'Evangile ; Paris 1979 ; les pages 9 à 13

&

de Jean Calvin : extrait de "L'Institution de la Religion Chrétienne" version française de 1560, volume I
Editions Kérygma-Farel ; Etats-Unis 1978 ; les pages 60 à 65


document RTF de 40 ko

3.

Histoire de l'Eglise A/1

Les documents ci-dessous sont essentiellement issus d'un dossier catéchétique publié au début des années 70 par la Société des Ecoles du Dimanche et intitulé : "30 fiches d'histoire de l'Eglise". Ce dossier n'est plus édité.

A la conquête du monde

J Le christianisme naît et se développe dans le bassin méditerranéen, au sein du très puissant empire romain.

J Favorisée par un certain nombre d'éléments, en particulier l'unité de l'empire romain et l'emploi généralisé de la langue grecque, la croissance de l'Eglise chrétienne est rapide au cours du 1er siècle.


I. -
LE DEVELOPPEMENT DE L'EGLISE.

1. - L'Eglise, corps dont Christ est la tête, obéit à son Seigneur, qui lui a donné à la fois une assurance, un ordre et une promesse :

Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, le suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.

Matthieu 28 : 18-20.

2. - L'Eglise naît à Jérusalem le jour de la première Pentecôte, cinquante jours après Pâques, quand l'Esprit-Saint est donné aux disciples. Sa croissance est rapide : trois mille juifs se convertissent le jour de la Pentecôte (Actes 2 : 41) et bientôt les premiers chrétiens sont cinq mille (Actes 4 : 4).

3. - L'Eglise est dispersée par les persécutions (Actes 6 à 8) ; les chrétiens sont ainsi amenés en Judée, en Samarie, en Phénicie, à Chypre, à Antioche de Syrie, où pour la première fois les disciples du Christ sont appelés chrétiens (Actes 11 : 19-26). Ainsi le christianisme ne se limite pas à Jérusalem et à la Palestine. Très vite il touche le monde gréco-romain.

4. - Deux figures dominent cette époque : celle de Pierre qui est l'instrument de la conversion du premier païen (Actes 10), celle de Saul de Tarse (Actes 9) que le livre des Actes appelle aussi Paul (Actes 13 : 9). Les voyages missionnaires de Paul le conduisent en Asie Mineure, dans les îles de la Méditerranée occidentale, puis en Europe. Après un retour en Palestine, puis un nouveau voyage en Asie Mineure et en Grèce, Paul revient à Jérusalem, où il est arrêté. En ayant appelé à César il est conduit à Rome (Actes 13 à 28).

Dans la capitale de l'empire le christianisme a déjà pris pied ; cette communauté romaine, dans laquelle Pierre a peut-être vécu, se compose de chrétiens venus du judaïsme (judéo-chrétiens) et de chrétiens venus du paganisme (pagano-chrétiens), ce qui soulève un certain nombre de difficultés. Les derniers versets du livre des Actes nous montrent Paul " prêchant le Royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, en toute liberté et sans obstacle " ; mais ils ne nous disent rien sur la mort de Paul pas plus que sur celle de Pierre. Ce sont des documents postérieurs au Nouveau Testament qui rapportent des traditions selon lesquelles Pierre et Paul seraient morts martyrs à Rome.

De Jérusalem à Rome et peut-être en Espagne (Romains 15 : 24), le christianisme se développe rapidement dans le bassin méditerranéen, aidé en cela par un certain nombre d'éléments importants.


II. - LES ELEMENTS FAVORABLES A L'EXPANSION DU CHRISTIANISME.

1. - La situation géographique de la Palestine.

Le point de départ de l'Eglise se situe en Palestine, c'est-à-dire à l'extrémité est du bassin méditerranéen. Dans les premiers temps de son histoire l'Église se développe aussi bien à l'est qu'à l'ouest de la ligne Jérusalem-Antioche. Mais ce développement s'effectue surtout à l'ouest, dans cette remarquable voie de communication et d'échanges qu'est la Méditerranée.

2. - L'unité de l'empire romain.

L'empire romain domine la Méditerranée qui est en fait une mer romaine. Tous les aspects de la vie du bassin méditerranéen convergent vers la capitale de l'empire : Rome. La paix romaine (pax romana), qui dure plusieurs siècles, facilite le développement du christianisme, même si les rapports entre l'Eglise et l'empire romain sont parfois difficiles.

3. - L'unité de langue.

Depuis les conquêtes d'Alexandre le Grand (356-323) la langue grecque est la langue universelle, aussi bien celle des gens cultivés que celle du peuple. La version grecque de l'Ancien Testament, dite version des " Septante ", est utilisée depuis la fin du IIIe siècle avant Jésus-Christ ; le Nouveau Testament est rédigé en grec.

4. - La soif de vérité de beaucoup.

La philosophie a opéré son oeuvre critique à l'égard des anciennes religions qui se spiritualisent sous l'influence des religions orientales. Insatisfaits des cultes naturistes aux mythologies dépassées, décidés à aller au-delà du culte des ancêtres ou de la cité, les hommes attendent le Dieu unique qui peut seul répondre à leur soif spirituelle. En conduisant l'Ancienne Alliance à sa plénitude, la Nouvelle Alliance apporte aux hommes le salut qui est en Jésus- Christ, le Fils du Dieu Vivant.

5. - La Diaspora juive.

La Diaspora juive, c'est-à-dire l'ensemble des Juifs dispersés dans l'empire romain, jouit d'une liberté relative et de certains privilèges. Les Israélites de la Diaspora ont adopté le grec comme langue courante ; groupés autour des synagogues ils sont les premiers à entendre la Bonne Nouvelle du salut.

A l'origine les chrétiens apparaissent d'ailleurs comme une secte juive. Mais très rapidement le christianisme se distingue du judaïsme et suit son propre chemin, un chemin souvent difficile et douloureux.

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Etudier dans les chapitres 3 à 8 du livre des Actes des Apôtres comment l'Église est dispersée au lendemain de la Pentecôte. Quels sont les résultats de cette dispersion ?

2. Etudier dans Actes 17 : 16-34 comment l'apôtre Paul " se fait tout à tous " pour annoncer l'Evangile aux païens.

Documents :

LE DEVELOPPEMENT DE L'EGLISE SOUS TIBERE, GAIUS, CLAUDE

Ce fut ainsi, grâce sans doute à une puissance et à une assistance célestes, que la doctrine du salut, tel un rayon de soleil, éclaira soudainement toute la terre. Aussitôt, suivant les Ecritures divines, sur toute la terre retentit la voix des divins évangélistes et apôtres, et jusqu'aux extrémités de l'univers leurs paroles.

En effet., alors que la grâce divine se répandait déjà sur les autres nations et que, à Césarée de Palestine, Corneille le premier avec toute sa maison recevait la foi dans le Christ par le moyen d'une manifestation divine et du ministère de Pierre, à Antioche un très grand nombre d'autres Grecs, à qui avaient prêché ceux qu'avait dispersés la persécution contre Etienne, crurent aussi. Bientôt l'Eglise d'Antioche devint florissante et populeuse ; à ce moment un très grand nombre de prophètes de Jérusalem et avec eux Barnabas et Paul, et en plus une autre multitude de frères y étaient présents. Alors pour la première fois, le nom de chrétiens y surgit comme d'une source féconde et abondante.

Tibère donc, ayant régné environ vingt-deux ans, mourut et après lui, Gaïus reçut le pouvoir.

Cependant, Gaïus n'ayant pas exercé le pouvoir quatre années entières, Claude lui succède comme empereur. Sous ce dernier, une famine dévasta la terre et même les historiens éloignés de notre doctrine l'ont raconté dans leurs ouvrages. La prédiction du prophète Agabus qui figure dans les Actes des Apôtres, au sujet de la famine qui devait venir sur toute la terre, reçut ainsi son accomplissement. Luc rapporte dans les Actes la famine arrivée sous Claude, et raconte que, par l'intermédiaire de Paul et de Barnabas, les frères d'Antioche envoyèrent à ceux de Judée de ce que chacun d'eux avait selon ses moyens, et il ajoute :

" En ce temps-là - évidemment sous Claude - le roi Hérode entreprit de maltraiter quelques-uns de ceux de l'Eglise et il fit périr Jacques, le frère de Jean, par le glaive."

EUSÈBE DE CÉSARÉE. Histoire Ecclésiastique.

1. Quelles raisons Eusèbe donne-t-il pour expliquer le développement rapide de I'Eglise ?
2. L'empereur Tibère (14-37) est nommé dans Luc 3 : 1. A quelle occasion ? A quelle date peut-on situer cet événement ?
3. Après Gaïus-Caligula (37-41), c'est l'empereur Claude qui gouverne. Dans Actes 11 : 28 et 18 : 2, il est parlé de Claude. Qu'en est-il dit ?

 

L'Église et l'empire romain
aux Ile et Ille siècles

J Pendant deux siècles l'Eglise progresse et s'implante dans le bassin méditerranéen.

L Ce développement se fait souvent dans la souffrance et le sang. En effet l'Eglise se heurte à l'empire romain en un combat qui commence avec la persécution de Néron (64) et ne se termine qu'avec celle de Dioclétien (303-305).

 

POURQUOI CE CONFLIT ENTRE L'EGLISE ET L'EMPIRE ROMAIN ?

1. - L'empire manifeste souvent beaucoup de tolérance à l'égard des diverses religions. Mais il existe une opposition radicale entre le christianisme et l'empire romain. Les chrétiens, qui ont la certitude de posséder la vérité dans le, Seigneur Jésus-Christ, refusent d'adorer les dieux romains et de rendre un culte à l'empereur.

2. - Les disciples de Jésus-Christ veulent gagner le monde entier à leur Seigneur. Au début le christianisme ne se distingue guère du, judaïsme qui est " religio licita ", donc religion admise par la loi romaine. Mais une distinction s'établit lentement entre les juifs et les chrétiens qui apparaissent comme des dissidents du judaïsme ne pouvant plus bénéficier des privilèges accordés aux juifs. Mouvement spirituel dynamique, le christianisme semble menacer les fondements de l'état romain. Dès lors c'est un combat sans merci que beaucoup d'empereurs mènent contre le christianisme.

3. - Les jeunes Eglises apparaissent, avec leurs rites nouveaux, comme des sociétés plus ou moins secrètes. Dans cette atmosphère la moindre dénonciation aux autorités romaines est écoutée avec attention, et les bruits les plus faux, sinon les plus odieux, circulent vite à propos des réunions de ces premiers chrétiens.

4. - En face d'un paganisme souvent vicieux et débauché, le christianisme se manifeste comrne une nouvelle lumière riche de vie. Et les ténèbres n'aiment guère la Lumière de la Vie (Jean 8 : 12).

 

II. - LES PERSECUTIONS.

1. - Sous Néron.

En juillet 64 un violent incendie détruit la plus grande partie de Rome, que l'on reconstruit très vite et de façon magnifique. Des rumeurs laissent entendre que l'empereur ne serait pas étranger à cet incendie. Néron se couvre en accusant les chrétiens qui sont arrêtés et souvent mis à mort.
Pierre et Paul semblent avoir été victimes de cette persécution.

2. - Sous Domitien.

Les chrétiens refusent de se laisser assimiler aux juifs et de payer les nouveaux irnpôts du Ternple. La répression est brève et féroce ; rnais c'est encore une persécution à caractère local ou régional.

3. - Sous Trajan.

Trajan a laissé le souvenir d'un grand empereur. Mais il poursuit les chrétiens, qui paient de leur vie leur foi en Christ (ce sont les martyrs) ou qui comparaissent devant des tribunaux qui les condarnnent sans toutefois attenter à leur vie (ce sont les confesseurs). C'est sous le règne de Trajan qu'Ignace d'Antioche meurt martyrs.
Le christianisme commence donc à poser à l'empereur et aux autorités romaines un certain nombre de questions. Une lettre de Pline le Jeune (gouverneur de Bithynie en Asie Mineure) à l'ernpereur Trajan fait apparaître pour la première fois (112) les problèmes que connaît un représentant de Rome aux prises avec les chrétiens ; la réponse de Trajan nous montre qu'il ne s'agit pas de poursuivre systématiquement les chrétiens, mais de les obliger à demeurer
soumis aux lois romaines.

4. - Sous Marc-Aurèle.

Sous cet empereur philosophe il y a de nombreux martyrs, en particulier Polycarpe de Smyrne en Asie Mineure, Justin à Rome, les martyrs de Lyon et de Vienne (177).

5. - Sous Septime-Sévère.

Septime-Sévère abandonne la règle de Trajan indiquant de ne pas poursuivre systématiquement les chrétiens ; l'autorité publique doit prendre l'initiative, des poursuites. D'où, pendant un siècle, une série de persécutions brusques et violentes. Il faut particulièrement noter, en 202, la persécution et le rnartyre de Perpétue et Félicité en Afrique.

6. - Sous Dèce.

Jusque vers le milieu du IIIe siècle les persécutions, pour violentes qu'elles soient parfois, demeurent occasionnelles, temporaires ou locales. Mais à partir de 250 commence une période de persécutions sévères et généralisées. Pour aider l'empire à retrouver son unité menacée, Dèce veut obliger tous les habitants de l'empire à sacrifier aux dieux païens. Beaucoup de chrétiens demeurent fidèles à leur foi et connaissent le martyre ; mais d'autres faiblissent, chutent, acceptent de se soumettre aux ordres de l'empereur.

7. - Sous Valérien.

Après quelques années assez calmes, la persécution reprend en 257 par un édit qui interdit le culte chrétien et les réunions au cours des inhumations. Le clergé doit obligatoirement sacrifier à l'empereur, ce qui amène une persécution des personnalités les plus importantes de l'Eglise. C'est au cours de cette persécution que Cyprien meurt décapité près de Carthage.

Mais Gallien, fils de Valérien, met fin à la persécution, permet au clergé de reprendre ses fonctions, restitue à l'Eglise les biens confisqués. C'est alors une période de quarante ans où l'Eglise connaît une paix quasi générale qui lui donne la possibilité de se développer dans tout l'empire.

8. - Sous Dioclétien.

C'est la plus longue et la plus violente des persécutions, surtout en orient. Voulant à son tour restaurer l'unité de l'empire, Dioclétien demande aux soldats, aux fonctionnaires impériaux, aux chefs de l'Eglise, puis à tous les chrétiens de sacrifier à l'empereur. Devant le refus de beaucoup de chrétiens, la persécution recommence en 303. En occident elle est pratiquement terminée en 305 ; mais en orient elle dure jusqu'en 311.

C'est qu'en effet l'empire est maintenant un empire à deux têtes : il y a un empereur en occident (capitale Milan) et un empereur en orient (capitale Byzance). Après l'abdication de Dioclétien la situation est confuse pendant quelques années. Mais Constantin impose son autorité à tout l'empire romain reconstitué. Et avec lui une nouvelle époque commence dans l'histoire du christianisme.

 

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. La persécution ne doit jamais surprendre le chrétien, car le Christ a clairement annoncé à ses disciples qu'ils seraient persécutés. Rechercher dans un évangile les passages où le Christ annonce ces persécutions.

2. L'Apocalypse a vraisemblablement été rédigée en un temps de persécution. Y chercher dans les chapitres 2 et 3 les récompenses promises à ceux qui demeureront fidèles dans les heures de persécution.

Documents :

 

LETTRE DE PLINE LE JEUNE A TRAJAN

Maître, c'est une règle pour moi de te soumettre tous les points sur lesquels j'ai des doutes.

Je n'ai jamais participé à des informations contre les chrétiens; je ne sais donc à quels faits et dans quelle mesure s'appliquent d'ordinaire la peine ou les poursuites. Je me demande non sans perplexité s'il y a des différences à observer selon les âges ou si la tendre enfance est sur le même pied que l'adulte, si l'on pardonne au repentir ou si qui a été tout à fait chrétien ne gagne rien à se dédire, si l'on punit le seul nom de chrétien en l'absence de crimes ou les crimes qu'implique le nom.

En attendant voici la règle que j'ai suivie envers ceux qui m'étaient déférés comme chrétiens. je leur ai demandé à eux-mêmes s'ils étaient chrétiens. A ceux qui avouaient, je l'ai demandé une seconde et une troisième lois, en les menaçant du supplice; ceux qui persévéraient, je les ai fait exécuter : quoi que signifiât leur aveu, j'étais sûr qu'il fallait punir du moins cet entêtement et cette obstination inflexibles. D'autres, possédés de la même folie, je les ai en tant que citoyens romains notés pour être envoyés à Rome. Bientôt, comme il arrive en pareil cas, l'accusation s'étendant avec le progrès de l'enquête, plusieurs cas différents se sont présentés.

On a affiché un libelle sans signature contenant un grand nombre de noms. Ceux qui niaient être chrétiens ou l'avoir été, s'ils invoquaient les dieux selon la formule que je leur dictais et sacrifiaient par l'encens et le vin devant ton image que j'avais fait apporter à cette intention avec les statues des divinités, si en outre ils blasphémaient le Christ (toutes choses qu'il est, dit-on, impossible d'obtenir de ceux qui sont vraiment chrétiens) j'ai pensé qu'il fallait les relâcher.

1. En raison de quelles hésitations Pline le jeune s'adresse-t-il à Trajan ?
2. Quelles sont les punitions infligées par Pline aux chrétiens ?
3. A quelles vertus chrétiennes Pline rend-il involontairement hommage ?
4. A quoi se refusent ceux qui sont véritablement chrétiens ?

 

LETTRE DE TRAJAN A PLINE LE JEUNE

Mon cher Pline, tu as suivi la conduite que tu devais dans l'examen des causes de ceux qui t'avaient été dénoncés comme chrétiens. Car on ne peut instituer une règle générale qui ait pour ainsi dire une forme fixe. Il n'y a pas à les poursuivre d'office. S'ils sont dénoncés et convaincus, il faut les condamner, mais avec la restriction suivante : celui qui aura nié être chrétien et en aura par les faits eux-mêmes donné la preuve manifeste, je veux dire en sacrifiant à nos dieux, même s'il a été suspect en ce qui concerne le passé, obtiendra le pardon comme prix de son repentir.

5. Quelle attitude Trajan conseille-t-il d'adopter à l'égard des chrétiens ?
6. Que faut-il faire à ceux qui avouent être chrétiens ?
7. Dans quel cas faut-il pardonner ?