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Cours de formation générale : séquence A/4

Comme tous les cours de formation générale, cette page comprend 3 unités :

  1. Le cours de théologie biblique (seuls les titres de chapitre sont disponibles)
  2. Le cours de doctrine ;
    accompagné des lectures complémentaires
    (à télécharger)
  3. Le cours d'histoire de l'Eglise (ou plus exactement les fiches distribuées lors des cours)

1.

  Plan du cours de théologie biblique (A/4)

1/ D'EGYPTE EN CANAAN

a/ Un salut en deux temps

b/ Un retard dans l'accomplissement final


2/ LA LÉGISLATION RELIGIEUSE

a/ La Tente de la Rencontre

b/ La prêtrise

c/ Le pur et l'impur

d/ Les sacrifices


3/ LA LÉGISLATION CIVILE

a/ Distinction entre absolus moraux et législation civile

b/ Une certaine idée de l'homme

2.

Cours de doctrine A/4
L’HOMME (CREATION-CHUTE)

Diogène circulait en plein jour dans les rues populeuses d’Athènes, une lampe à la main, et à ceux qui lui demandaient ce qu’il faisait là, il répondait invariablement : " Je cherche un homme ".

Cette histoire illustre bien toute la difficulté qui se présente à l’homme lorsqu’il cherche à connaître et à comprendre qui il est. Qu’est-ce que l’homme ? Le discours des sciences est un véritable puzzle que personne n’est capable de reconstituer, quant à la philosophie contemporaine, elle avoue son échec au travers notamment de la pensée de Michel Foucault, lequel considère l’homme comme un concept de la pensée moderne, comme un simple " pli du savoir " appeler à disparaître !

La connaissance de l’homme échappe à nos prises parce que fondamentalement elle ne peut être indépendante de la connaissance de Dieu ; l’homme, en effet a été créé à " l’image de Dieu, selon sa ressemblance (Gn.l/27).

CORPS ET AME

- La Bible affirme que la réalité de l’homme ne se limite pas à son aspect corporel. Son être implique un aspect " spirituel " immatériel, en relation permanente avec le corps qui est son expression, mais cependant non lié à lui de manière absolue.

- Cette réalité humaine est désignée quelquefois par le mot " âme " (nephesh dans l’A.T. et psyché dans le N.T.) ou par le mot " esprit " (ruah dans l’A.T. et pneuma dans le N.T.). Certains exégètes voient une distinction entre l’âme et l’esprit de telle sorte que l’homme serait une créature tripartite comme cela apparaît en 1Th.5/23. L’esprit seul désignerait alors l’aspect proprement spirituel, l’âme n’étant qu’un principe de vie commun d’ailleurs aux animaux (Gn.1/21, 24). Cette classification n’apparaît pas cependant de manière rigoureuse dans l’Ecriture (Cf. article du Nouveau Dictionnaire Biblique). On se contentera donc ici de maintenir cette distinction essentielle entre la réalité visible, corporelle, et la réalité invisible que nous désignons par le mot " âme ".

- Ainsi, l’âme n’est pas une extension de la divinité en nous. Elle ne préexiste pas à notre naissance mais elle constitue l’événement structurant et permanent de toute notre personnalité. Mon âme : c’est moi au-delà de toutes les variations de l’existence physique.

- Ainsi l’âme n’est pas confrontée à la mort de la même manière que le corps (Mt.10/28). Si pour le corps, la mort se traduit par un anéantissement (Gn.3/19), l’âme connaît la mort " de l’intérieur ". Et cette expérience peut avoir lieu alors même que l'homme est physiquement vivant (Es.38/17) ; l'âme "vit" la descente dans "la fosse du néant". Certes, elle va poursuivre son existence au delà de la vie présente, mais cela ne signifie pas nécessairement que l'homme "vit". Tout dépend de l'état de son âme, sachant bien que cette dernière commence à connaître la mort dès l’instant où l’homme perd sa confiance originaire en Dieu (Gn.2/17).

- Cette distinction, corps et âme, ne saurait être hiérarchique ou entraîner un quelconque dualisme. L’idéal chrétien n’a rien à voir avec la pensée grecque où le salut est assimilé à une délivrance de l’âme vis-à-vis du corps conçu comme une prison. L’âme n’est pas pure alors que le corps serait pécheur... on peut être " spirituel " jusque dans sa chair et charnel jusque dans son esprit " (Saint Augustin). C’est l’homme, corps et âme, qui a été créé beau et bon, c’est l’homme, corps et âme, qui a chuté dans les ténèbres, c’est encore l’homme tout entier qui est appelé au salut.

UNE ANTHROPOLOGIE FONDEE SUR LA NOTION D'IMAGE DE DIEU

- A l’image de Dieu, l’homme a été doué de raison, et par son langage il est appelé, non pas à faire advenir le monde, mais à expliciter le monde, c’est-à-dire à participer à son organisation (Gn.2/l9-20). Le savoir, la connaissance de l’univers, les sciences trouvent leur origine dans la volonté créationnelle de Dieu. Ces activités sont donc essentiellement bonnes.

- A l’image de Dieu, l’homme est appelé à exercer son autorité sur la terre (Gn.1/28) en cultivant le jardin qui a été remis à sa garde (Gn.2/15). Ainsi, non seulement la connaissance mais encore les techniques qui permettent à l’homme d’augmenter son pouvoir, sont justifiées en Dieu dans la mesure où elles sont mises au service de ce mandat originel.

- A l’image de Dieu, l’homme est un être personnel. Chaque homme a donc un visage, un nom, une personnalité qui lui est propre (ce que désigne bien les noms bibliques : Adam - celui qui vient de la terre, Eve - celle qui donne la vie...etc...). Chaque individu est bien aussi à l'image de Dieu et pas seulement la collectivité humaine. Cette personnalité culmine dans des rapports, autant avec Dieu qu’avec l’environnement, vécus dans un cadre de liberté et de responsabilité défini par Dieu (Gn.2/9, 16-17).

- A l’image de Dieu (un et multiple), cet homme unique est appelé à la communauté (Gn.1/27, 2/18) dans des ensembles sociaux institués par Dieu : couple, famille, Eglise, Etat. Au sein de ces ensembles sociaux une solidarité naturelle/créationnelle lie les hommes entre eux, de sorte qu’à la responsabilité individuelle s’ajoute aussi un phénomène de responsabilité collective (bien visible dans les jugements ou les bénédictions collectives).

- A l’image de Dieu, l’amour est la qualité morale fondamentale qui doit informer toute vie relationnelle (Mt. 22/37-40).

LES TENEBRES DE LA CHUTE

- L’homme qui a été créé pur et bon, vivant dans l’harmonie avec Dieu et capable de réaliser le mandat qu’il avait reçu, s’est séparé de Dieu par sa propre faute. Cette séparation se situe sur le plan spirituel et non sur celui de l’existence parce que l’homme, comme tout autre créature, n’a d’existence que par Dieu (Ps.104/27-30). La revendication à l’autonomie était une impossibilité ontologique masquée par le mensonge du serpent (Gn.3/4-5). Il en résulte une chute, une perte par rapport aux prérogatives originelles.

- La chute atteint toute l’humanité en fonction du lien de solidarité qui unit le chef (Adam) à l’ensemble du corps (l’humanité) (Rm.5/12-l4). Ainsi, du péché originel, non seulement nous portons la marque, mais aussi une responsabilité, une culpabilité collective, ou corporative (Ps.51). les péchés actuels (ou personnels) ne sont que la démonstration de notre solidarité avec Adam. La mort est la sanction qui s’abat sur l’humanité soumise au péché (Gn.2/17).

- Toute l’activité humaine est désormais atteinte par la corruption, ce qui ne veut pas dire que plus rien de juste et de bon ne pourra en sortir ! Par un effet de la grâce générale de Dieu, la nature de l’homme n’est pas absolument corrompue. Tous les aspects de notre être sont atteints, plus rien n’est digne d’une entière confiance, mais rien n’est totalement détruit ! Ainsi le mandat originel (par rapport à la création) peut et doit se poursuivre, sans que pour autant nous puissions y voir un salut pour la condition humaine.

- Sur le plan de la relation à Dieu, la chute interdit désormais à l’homme de retrouver par ses propres moyens le vrai vis-à-vis du Dieu. Toutefois, en ce domaine aussi, la grâce générale agit de telle sorte qu’une lumière continue de briller dans le cœur de tout homme. Cette lumière ne lui permet pas de se sauver lui-même, et les spéculations de sa raison corrompue l’entraîne vers de nouvelles déroutes spirituelles (Rm.1/2l-23), mais elle est le témoin nécessaire d’une dignité perdue (Lc.15/17).

 

Lectures complémentaires
à télécharger

de Pierre Courthial : extrait de "La Confession de foi de La Rochelle - Commentaire"
Les Cahiers de "Tant qu'il fait jour" et Société des Compagnons pour l'Evangile ; Paris 1979 ; les pages 47 à 54
&
de
Jean-Marc Daumas : extrait de "L'empreinte nostalique de Dieu" in Ichthus 1981/5 (voir note ci-dessous) ; les pages 22 à 25
&
du "Nouveau Dictionnaire Biblique" l'article "Ame"
Editions Emmaüs ; St.Légier sur Vevey ; 1970 ; pages 28-29


document RTF de 44 ko

Note : plusieurs articles ou extraits d'articles proposés dans ce site sont issus de la revue Ichthus. Tout en remerciant vivement leurs auteurs, nous devons indiquer que cette Revue a malheureusement cessé de paraître en 1986.

 

3.

Histoire de l'Eglise A/4

Les documents ci-dessous sont essentiellement issus d'un dossier catéchétique publié au début des années 70 par la Société des Ecoles du Dimanche et intitulé : "30 fiches d'histoire de l'Eglise". Ce dossier n'est plus édité.

L'Islam
La renaissance carolingienne

L Aux VIIe et VIIIe siècles l'Islam entreprend des conquêtes foudroyantes : cent ans après la mort de Mahomet, les Arabes sont à Poitiers (732).

J Le couronnement de l'empereur Charlemagne en 800 marque le point de départ d'une renaissance de l'occident, la renaissance carolingienne.

J A cette époque l'Eglise fait un réel effort pour évangéliser l'Europe.


I. - L'ISLAM.


1. - La naissance de l'Islam.

L'Islam (ce mot vient d'un verbe qui signifie " obéir à Dieu "), est la dernière venue des grandes religions : elle date du VIIe siècle. L'Islam est lié à la personne de Mahomet.

Mahomet, né aux environs de 570, commence son ministère à l'âge de quarante ans. Sa prédication est contenue dans le Coran, qui constitue pour le musulman la Parole de Dieu lui-même. Mahomet ne fait donc que transcrire ce qui lui a été dicté. Pour le Musulman (celui qui pratique l'Islam), le Coran constitue le fondement de sa foi et de sa vie ; la langue d'Allah (Dieu) est l'arabe, de telle sorte que l'arabe devient langue religieuse.

L'islam n'est pas seulement une religion ; il représente aussi toute une civilisation à caractère religieux.

2. - L'invasion arabe.

A la tête de l'état arabe se trouve un calife, vicaire du prophète Mahomet, mort en 632. Le second calife, Omar II, cherchant la conversion à l'Islam par tous les moyens, entreprend la conquête de la Syrie, de la Palestine, de la Perse et de l'Égypte. Puis, peu à peu, la domination arabe s'étend à toute l'Afrique du Nord. Dans cette dernière région, un décret rigoureusement appliqué, spécifiant que tous les chrétiens qui ne se convertissent pas à l'islam doivent s'exiler, entraîne la soumission de la majorité des chrétiens. De telle sorte qu'à partir du VIIIe siècle, il n'y a plus trace d'Eglise en Afrique.

En 710, les Arabes débarquent à Gibraltar et entreprennent la conquête de l'Espagne. ils passent en Aquitaine pour essayer de conquérir la Gaule. Mais ils sont arrêtés en 732 à Poitiers par Charles Martel. Cette victoire sauve l'occident. Les Arabes se replient alors en Espagne où les derniers demeurent jusqu'en 1492.

II. - LA RENAISSANCE CAROLINGIENNE.

1. - Après la période agitée des rois mérovingiens, la période carolingienne se présente comme un temps de renaissance.

2. - Charlemagne, devenu le seul roi des Francs en 771, est couronné empereur le 25 décembre 800 dans l'église Saint-Pierre de Rome. Empereur par la " grâce de Dieu ", il apparaît comme le nouveau Constantin, défenseur de l'Eglise d'occident et maître incontesté d'un empire qui prend le relais de l'empire romain d'occident. Il meurt en 814 à Aix-la-Chapelle.

3. - La renaissance carolingienne se manifeste dans le domaine littéraire et artistique comme dans le domaine théologique et moral. Sur le plan politique, Charlemagne veut unifier l'empire afin qu'à l'unité de l'Eglise corresponde l'unité de l'empire.

4. - Alcuin prend la direction de l'école du palais et devient un conseiller de Charlemagne, en particulier dans le domaine de l'éducation. Bien que laïc, Alcuin est nommé abbé de l'abbaye Saint-Martin de Tours où il exerce une grande influence intellectuelle et spirituelle.

5. - Après la mort de Charlemagne des troubles se produisent dans l'empire ; le pouvoir royal s'affaiblit.

6. - Le pape, qui possède des territoires au même titre que les autres souverains de l'époque, a parfois besoin de l'aide de l'empereur. Si bien que l'alliance de la papauté et de l'empire fait souvent de l'empereur le " protecteur de l'Eglise ".


III. - L'EVANGELISATION DU NORD ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

1. - Au VIIIe siècle, le moine anglo-saxon Winfrid, plus connu sous le nom de Boniface, est envoyé par le pape Grégoire pour évangéliser la Germanie. Evangélisation difficile, qui se fait souvent dans le sillage des troupes.

2. - La conquête de la Saxe ouvre la route du Danemark et de la Suède. Anschaire, moine de l'abbaye de Corbie (Somme), entreprend l'évangélisation du Danemark dont le roi vient de se faire baptiser. Ensuite il va en Suède où il laisse son compatriote Gauzbert. Cette évangélisation ne s'achève qu'à la fin du XIe siècle, par les princes scandinaves.

3. - L'Europe centrale, occupée par les Slaves, est évangélisée par deux frères Cyrille et Méthode, qui sont pour les Slaves ce que fut Boniface pour les Germains. Envoyés par l'empereur Michel de Byzance, ils remportent des succès considérables ; mais ils rencontrent aussi beaucoup de difficultés auprès des prêtres allemands parce qu'ils sont Grecs.

Après ces différents efforts missionnaires toute l'Europe est évangélisée à la fin du Xe siècle.

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Faire une étude plus développée de l'Islam, soit en consultant un manuel d'histoire générale, ou un manuel d'histoire des religions, soit en faisant une enquête auprès des musulmans qui nous entourent.

2. Alcuin écrit à Charlemagne : " C'est en toi seul que repose tout le salut des Eglises du Christ. C'est toi qui punis les forfaits, guides les égarés, consoles les affligés et élèves les hommes de bien. " Cela est-il conforme à l'enseignement de la Parole de Dieu, particulièrement Romains 13 : 1-7 et Luc 20 : 20-26 ?

Documents :

LETTRE D'ALCUIN À CHARLEMAGNE

Quant à moi, votre Flaccus (autre nom d'Alcuin), je me conforme à vos exhortations et à votre bon vouloir. Dans la demeure de saint Martin je m'efforce de faire goûter aux uns le miel de la sainte Ecriture et m'applique à en enthousiasmer d'autres pour les études des anciens ; j'en initie d'autres encore aux subtiles et utiles distinctions de la grammaire ; finalement je cherche à ouvrir les esprits de certains par la contemplation des mouvements réguliers des étoiles et la vue de ce qui est comme le toit orné de notre immense demeure. Je me suis multiplié pour le service de beaucoup (1 Cor. 9 : 22) afin d'instruire un grand nombre de gens pour le profit de la sainte Eglise de Dieu et la dignité de votre empire, afin aussi que la grâce de Dieu ne reste pas en moi sans effet, et vos bienfaits sans utilité.

Voilà ce que votre très noble pensée n'ignore pas, comment l'Ecriture nous exhorte à apprendre la sagesse. Rien n'approche davantage de la vie bienheureuse, rien n'a plus de saveur, rien n'est plus efficace contre les vices, rien n'est plus honorable ; en outre, suivant le jugement des philosophes, rien n'est plus nécessaire au gouvernement des peuples, rien ne contribue autant à l'établissement d'un Etat policé que l'ornement de la sagesse, tout ce que la science confère, la puissance qui réside dans le savoir. C'est pourquoi le sage Salomon s'est écrié : La sagesse est meilleure que les trésors les plus précieux et aucun luxe ne peut lui être comparé. C'est elle qui élève les humbles, honore les puissants. C'est par elle que règnent les rois et que les législateurs établissent le droit. C'est grâce à elle que les chefs commandent et que les gouvernants font régner la justice. Bienheureux ceux qui gardent ses voies et qui veillent à ses portes chaque jour (Prov. 8 : 2 ss.). Exhortez donc, Sire, la jeunesse qui vit dans le palais de votre majesté à l'étude de la sagesse pour qu'au temps de leur vigueur ils y progressent afin d'atteindre dignement à la vieillesse et de parvenir par son moyen à la félicité éternelle. Pour ma part je veux mettre tous mes soins à semer chez les sujets de vos pays les germes de la sagesse, dans la mesure de mes petits talents, me souvenant de cette sentence : Sème au matin ta semence et ne relâche pas ta main le soir ; car tu ne sais ce qui lèvera, ceci ou cela. Si les deux se mettent à pousser, ce sera tout profit (Eccl. 11 : 6).

Au matin j'ai semé en Bretagne durant un printemps d'études. Maintenant que mon sang s'est refroidi, je n'ai pas, en France, au soir de ma vie, cessé de semer et je souhaite qu'avec la grâce de Dieu, dans ces deux pays, la moisson lève.

1. Quelle est cette demeure dont il est question? Où se trouve-t-elle ? (Voir le chapitre II, paragraphe 4 de cette fiche.)
2. Quels sont les différents enseignements donnés par Alcuin ?
3. Pour quelles raisons Alcuin se prodigue-t-il en enseignement ?
4. Pourquoi est-il nécessaire d'apprendre dans I'Ecriture en quoi consiste la sagesse ? Quel est son rôle ?
5. Cherchez dans les Proverbes et dans l'Ecclésiaste les versets cités dans cette lettre.
6. Quelle exhortation Alcuin adresse-t-il à Charlemagne ?