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Cours de formation générale : séquence B/4

Comme tous les cours de formation générale, cette page comprend 3 unités :

  1. Le cours de théologie biblique (seuls les titres de chapitre sont disponibles)
  2. Le cours de doctrine ;
    accompagné des lectures complémentaires
    (à télécharger)
  3. Le cours d'histoire de l'Eglise (ou plus exactement les fiches distribuées lors des cours)

1.

Plan du cours de théologie biblique (B/4)
Le prophétisme : signification et message

1/ SPECIFICITE DU PROPHETISME BIBLIQUE

a/ Une parole à l'initiative de Dieu

b/ La révélation ne s'est pas achevée au Sinaï. La continuité prophètique est garant d'une histoire de la révélation

2/ UN MESSAGE DE JUGEMENT

a/ Annonce du jugement de Dieu sur le peuple de l'alliance

b/ Appel à la repentance

c/ Annonce du jugement universel

3/ L'ESPERANCE D'UNE REDEMPTION

a/ Le fondement de l'espérance

b/ Harmonie du monde et présence de Dieu

c/ Une nécessaire purification

d/ La victime expiatoire, clé de la purification

e/ La figure messianique

f/ Une alliance renouvelée

g/ Pérennité de l'individu et résurrection

2.

Cours de doctrine B/4
L'AU-DELA, ET CE QUI DOIT ARRIVER BIENTOT (1)

Parce que la Bible est révélation de Dieu, elle est en même temps une lumière portée sur le monde, sur ses origines et sa destinée. Nous touchons là un domaine à mystère dont l'importance n'échappe à personne. Il s'agit du contenu de notre espérance. Or l'espérance est un puissant moteur pour la vie ; c'est elle qui oriente des aujourd'hui nos désirs, nos engagements et toute notre manière d'être. Nous ne devons donc pas passer ces questions sous silence, même si en les abordant nous avons à redoubler de prudence. En effet, aucun de ces sujets n'est du domaine du vérifiable, quels que soient nos moyens d'investigation. Nous sommes liés à la seule parole biblique sans laquelle tout ne devient que fantasme et illusion. Il convient donc de faire preuve d'une grande fidélité (comme toujours!) dans la compréhension du message ainsi que d'une certaine sobriété, en préférant rester en deça de ce qui est dit plutôt que de s'aventurer dans de vaines spéculations qui ont toutes les chances d'enténébrer les questions au lieu de les éclairer.

DE LA MORT A LA RESURRECTION

- Quelqu'un a dit que la mort était la seule certitude que chaque homme porte en lui-même ! Ainsi, toute pensée religieuse se reconnaîtrait-elle fondamentalement au fait qu'elle tente de résoudre le scandale de la mort.

- A ce point de vue la Bible tranche nettement. Elle casse le consensus des religions moyen-orientales, qui toutes parlaient d'une survie après la mort, et regarde cette dernière d'une manière lucide : la mort est un terme, la mort est une disparition (Es.38/18 ; Ps.6/6, 39/14, 90/9-11, 103/15-16 ; Ecc.3/19-22 ; Job 7/21), la dissolution du corps n'est pas passée sous silence (Gn.3/19 ; 2 Sm.14/14 ; Ecc.3/19-22, 12/4-8).

- Cette prise en compte du caractère dramatique de la mort culmine dans le Nouveau Testament quand on considère la mort du Christ. C'est l'événement inacceptable (Mc.8/31-33) qui provoque en Jésus lui-même "frayeur et angoisse" (Mc.15/33). Au matin de la résurrection, l'incrédulité des disciples vient encore une fois souligner combien pour eux ce drame avait un caractère irréversible.

- Mais en même temps, l'affirmation de la très haute dignité de la personne humaine faite "à l'image de Dieu" entraîne l'idée selon laquelle l'existence personnelle ne se résume pas à sa vie biologique (voir cours A-4). Les défunts ne sont pas anéantis, ils continuent d'exister et pourront ainsi rendre compte de leurs actes au jour du jugement (Héb.9/27).

- Cette existence n'est pas une poursuite de la vie terrestre en ce sens quelle n'ajoute ni n'enlève rien à ce que nous avons été et ce que nous avons fait. C'est bien pourquoi l'Ecriture nous exhorte à profiter de cette vie pour choisir la Vie (Jn.3/18). Il n'y a pas de retournement de situation à attendre de cet état futur (Lc.16/26).

- Plus même. Si au départ le "séjour des morts" (ou shéol) est conçu comme un état proche du sommeil, notamment en ce sens que le défunt n'a plus de prise sur l'existence, le Nouveau Testament nous fait découvrir que cet état est expérimenté de manière très différente en fonction de ce qu'a été la vie présente (Lc.16/19-25). Cette expérience, positive ou négative, préfigure le jugement final et la situation dernière des individus.

- Ainsi, pour celui qui a recherché Dieu et reçu la vie du Christ dans sa propre vie, et parce que le lien établi entre Christ et les siens ne peut pas être rompu (Rm.8/38-39), cette existence dans la mort va être placée sous le signe de la vie. C'est tellement vrai que Jésus pourra parler de la mort du croyant comme n'étant plus vraiment la mort (Jn.6/58, 11/25). Au condamné repentant Jésus promet le "paradis" pour le jour même (Lc.23/43) et l'apôtre Paul envisage ce passage dans la mort comme l'occasion de parvenir au but de la spiritualité chrétienne qui est d'être en communion avec le Christ, et par le Christ avec Dieu (2 Cor.5/6-8 ; Phil.l/21 & 23). "Ceux qui meurent dans le Seigneur sont (donc) heureux dès à présent " (Ap.14/13).

- Cette existence des défunts, et la communion en Christ qu'ils partagent avec nous, n'impliquent pas qu'une relation puisse être établie entre les vivants sur la terre et ceux qui attendent la résurrection. Pour bien montrer que ceux d'en bas ne peuvent trouver secours auprès des défunts, ceux-ci ne pouvant ni changer leur situation ni agir au bénéfice des vivants, les deux tentatives mentionnéees dans l'Ecriture visant à établir une relation d'aide entre ceux d'ici et ceux du monde des morts se soldent par un échec (1 Sm. 28/8-19 et Lc.16/23-31). Dieu interdit d'ailleurs formellement ce genre de tentatives qui entretiennent l'homme dans le piège de ses illusions (Dt.18/10-11 ; Es.8/19-20).

- De tout ceci il découle que la prière pour les morts est inutile et que l'invocation des saints trépassés au bénéfice des vivants n'est qu'une illusion entretenue par la piété populaire. La doctrine du purgatoire (purification par les souffrances dans l'au-delà) s'oppose quant à elle gravement au salut par gràce en faisant de la souffrance individuelle un moyen de rédemption. Elle doit être rejetée énergiquement.

LA RESURRECTION ET LE MONDE NOUVEAU

- La résurrection individuelle est une notion centrale dans l'Ecriture. Même si l'Ancien Testament est plus discret sur ce sujet, il ne l'ignore pas (Job 19/25-27 ; Es.26/19 ; Dn.12/2). Des réanimations de morts sont également présentes (1 Rs.17/I7-24 ; 2 Rs.4/32-37) et l'auteur de la lettre aux Hébreux nous dit qu'Abraham partageait cette espérance (Héb.11/l9).

- A l'époque de Jésus la croyance en une résurrection finale, au jour du Seigneur, était largement partagée (Jn.11/24 ; Ac.24/l5), bien que les Sadducéens ne l'admettaient pas (Ac.23/8). Mais cette résurrection était vue comme un phénomène lié de manière presque automatique au jour dernier. La révolution de pensée que le Nouveau Testament apporte à ce propos c'est la découverte que la résurrection n'est pas tant liée à un jour qu'à la personne de Jésus-Christ (Jn.11/25).

- C'est parce que Jésus, comme fils premier-né, a franchi le pas qui va de la mort à la vie éternelle que la résurrection est entrée dans le monde (Col.l/l8 ; Ap.l/5 ; Rm.6/5). Autrement dit, s'il est vrai que la ré surrection des morts interviendra au moment fixé par Dieu, Christ étant les prémices de la moisson finale (1 Cor.l5/20-23), le principe de la résurrection est désormais une réalité introduite dans le monde de telle sorte que chaque croyant est appelé dès aujourd'hui à naître de nouveau (Jn.3/3-8), à être renouvelé dans son être intérieur par la puissance de cette résurrection (Eph.2/5-6 ; Phil.3/10). C'est probablement cet événement que l'Apocalypse désigne comme étant la "première résurrection" (Ap.20/5).

- Toutefois les Ecritures maintiennent que tous les hommes, bons ou mauvais, connaîtront une forme de résurrection (Dn.12/2 ; Ac.24/15), les uns pour entrer en possession de leur hé ritage, les autres pour prendre connaissance du jugement divin et de leur ruine.

- La résurrection pour la vie éternelle est foncièrement un réveil total à la vie par la réintégration de la personne dans son corps. Le rapport entre le corps de la résurrection et notre corps actuel est défini de deux manières en 1 Corinthiens 15 :
1) En comparaison avec la semence et la plante issue de cette semence ;
2) En jouant sur la nuance subtile que la Bible maintient quelquefois entre l'âme (psyché) et l'esprit (pneuma).
Notre corps actuel est dit "psuchikos" tandis que le corps de la résurrection est "pneumatikos". Cette nuance est appuyée par les qualificatifs : "vivant/vivifiant" ; "corruptible/incorruptible" ; "méprisable/glorieux" ; "infirme/plein de force" . On devra donc dire que le corps de la résurrection n'est ni la reprise pure et simple du corps actuel, ni l'adoption de quelque chose de totalement étranger ou tout à fait autre. C'est une "métamorphose" ou une "transfiguration" du corps actuel.

- Cette réflexion s'inscrit en fait dans tout le processus de renouvellement de la création annoncé pour les temps messianiques. Tantôt ceux-ci sont présentés sous la forme d'une grande continuité avec la vie pré sente (l'obéissance au Seigneur en plus, voir Michée 4/1-4), tantôt il est question de bouleversements cosmiques fondamentaux (2 Pi.3/10-13). Il nous est très difficile de faire la part du symbolique dans un cas comme dans l'autre. Toujours est-il que deux constantes doivent être maintenues : Dieu ne renie pas ce qu'il a fait (tout était bon dès l'origine) et l'histoire ne doit être considérée comme une immense parenthèse inutile. Ce dernier point est souligné par le fait qu' à la symbolique du jardin originel, l'Apocalypse substitue celle de la ville (ch. 2l et 22). On conclura donc à une "métamorphose", non seulement de l'homme, mais aussi de son environnement (cf. Rm.8/l9-22), de telle sorte qu'à l'élimination totale et définitive du péché dans ses racines comme dans ses conséquences (voir Ap.21/4), correspond la réalisation du Conseil éternel de Dieu dont la forme en Genèse impliquait un dépassement.

- Ainsi la "Nouvelle Jérusalem" va être tout entière un hymne chanté à la gloire du Dieu créateur et sauveur. Alors commencera le véritable règne de l'homme (Rm.5/17 ; 2 Ti.2/12 ; Ap.5/10) aux côtés du Christ et dans la dépendance lumineuse de Dieu, redevenu le centre et le sens de toute chose (Ap.2l/3 et 22-24).

Lectures complémentaires
à télécharger


de Jean Calvin : extrait de "L'Institution de la Religion Chrétienne" version
en français moderne, livre III
Presses Bibliques Universitaires ; Lausanne 1985 ; les pages 152 à 157
&
"Notre espérance dans la vie et dans la mort"; Notes pour cercles d'études et réflexions personnelles (étude n°2)
&
Positions catholiques :
- Déclarations du Concile Vatican II ; "La communion entre l'Eglise du ciel et l'Eglise de la terre"
- Le catéchisme de l'Eglise catholique (1992) ; "La purification finale ou Purgatoire"

document RTF de 53 ko

3.

Histoire de l'Eglise (B/4)

Les documents ci-dessous sont essentiellement issus d'un dossier catéchétique publié au début des années 70 par la Société des Ecoles du Dimanche et intitulé : "30 fiches d'histoire de l'Eglise". Ce dossier n'est plus édité.

Jean Calvin

J Jean Calvin est, parmi les réformateurs, un homme de la seconde génération. Il consolide et organise la Réforme à Genève et en France.

J L'oeuvre de Calvin, si elle prolonge l'oeuvre de ses prédécesseurs, présente une grande originalité ; et son influence déborde largement les frontières de Genève et de la France.

 

I. - JEUNESSE, FORMATION ET CONVERSION DE CALVIN

1.- Calvin est né en 1509 à Noyon (en Picardie). Fils d'un homme d'affaires chargé un temps des intérêts de l'évêque, il reçoit très tôt un bénéfice ecclésiastique qui, dans l'intention de son père, devait être l'amorce d'une brillante carrière sacerdotale. A quatorze ans il est envoyé à Paris pour y poursuivre ses études : il fréquente ainsi le collège de la Marche et le collège Montaigu.
Son père ayant décidé de lui faire étudier le droit, "meilleur moyen pour arriver aux biens et aux honneurs", Calvin, qui vient d'obtenir à Paris sa maîtrise ès arts, passe une année à l'université d'Orléans. Après y avoir obtenu sa licence ès droit (1529), il poursuit ses études à l'université de Bourges où règne un esprit favorable à la Réforme.
La mort de son père l'ayant rendu maître de son destin, Calvin retourne à Paris pour y poursuivre des études de lettres et de théologie. Il semble que c'est à ce moment-là qu'il se donne pleinement aux idées évangéliques. Cette conversion, il nous la rapporte avec sobriété (car il n'est pas homme à se raconter) dans la Préface au "Commentaire sur les Psaumes" qu'il a rédigée en 1557.

2. - A cette époque les idées de Luther sont connues en France, aussi bien dans les milieux de l'humanisme chrétien que dans les Eglises où beaucoup d'âmes sont prêtes à recevoir le message de grâce remis au premier plan par Luther. Des prédicateurs hardis, comme Lefèvre d'Etaples et Briçonnet, évêque de Meaux, ont bien préparé le terrain qui accueille la graine luthérienne. Un peu partout en France on signale des manifestations de ce que le clergé appelle "la peste luthérienne". La Sorbonne condamne la doctrine de Luther le 15 avril 1521, c'est-à-dire tout de suite après que le pape ait formellement condamné la doctrine du docteur de Wittenberg.

II. - L'INSTITUTION DE LA RELIGION CHRETIENNE.

1. - Converti, Calvin renonce à ses bénéfices ecclésiastiques. La persécution qui s'organise contre les protestants le condamne à une existence errante. Obligé de quitter Paris par deux fois, la première à la suite du scandale provoqué par le discours évangélique de son ami, le jeune recteur de l'Université, Nicolas Cop, la seconde à la suite de l'affaire des placards (1534), il se réfugie à Bâle au début de 1535.

2. - C'est à Bâle qu'il met au point et fait imprimer la première édition de son " Institution de la Religion chrétienne "(1536).
Cet ouvrage, rédigé en latin, comprend six chapitres. Son succès est tel qu'il doit bientôt être réédité. Sa deuxième édition latine est suivie d'une traduction française qui fait date dans l'histoire de notre langue (1541). Remanié et enrichi par Calvin tout au long de sa carrière, il ne compte pas moins de quatre-vingts chapitres dans sa dernière édition (1559-1560).

3. - L' "Institution de la Religion chrétienne" est une véritable somme dans laquelle sont abordés, à la lumière de l'Ecriture, tous les aspects de la foi. En particulier, tout comme Luther, Calvin n'y reconnaît que deux sacrements : le baptême et la cène. Dès sa première édition., elle est précédée d'une "Epître au Roi", en l'occurrence François ler, que les réformés espèrent gagner à leur cause. Cette épître, écrite en français, est, avec l'édition française de 1541, l'un des plus beaux textes de notre littérature. Elle expose les intentions qui ont animé Calvin, dans la rédaction de son ouvrage.

IlI. - PREMIER SEJOUR DE CALVIN A GENEVE.

1. - Après avoir quitté Bâle et au moment (juillet 1536) où il s'apprête à aller s'installer à Strasbourg, Calvin est retenu à Genève par Farel, qui a besoin de lui pour poursuivre son oeuvre de réforme dans cette ville.
Guillaume Farel, né à Gap (Dauphiné) en 1489, est à Paris l'élève de l'humaniste Lefèvre d'Etaples. Rompant avec la papauté en 1521, il évangélise le pays de Montbéliard (où il compose la première dogmatique réformée de langue française : la "Sommaire et brève déclaration") avant de devenir le réformateur de ce qui constitue aujourd'hui la Suisse française.

2. - En collaboration avec Farel, Calvin organise l'Eglise de Genève, réformée selon la Parole de Dieu, en lui donnant une discipline, un catéchisme et une confession de foi. En avril 1538, cependant, les deux réformateurs sont expulsés de Genève pour avoir osé tenir tête aux autorités civiles qui prétendent intervenir dans les affaires intérieures de l'Eglise. Calvin se rend à Strasbourg et Farel à Neuchâtel où il meurt en 1565.

IV. - A STRASBOURG AVEC MARTIN BUCER.

1. - Appelé par Bucer, Calvin va exercer à Strasbourg les fonctions de pasteur auprès des réfugiés français et celles de professeur de théologie. Durant les trois ans (1538-1541) qu'il passe dans la cité alsacienne, il se livre à un labeur intense : il publie, entre autres ses leçons sur l'épître aux Romains, le premier et l'un des meilleurs de ses commentaires, et il approfondit sa pensée au contact de Bucer.

2. - Né en 1491 à Sélestat (Alsace), Martin Bucer entre dans l'ordre des Dominicains à l'âge de quinze ans. Gagné à la Réforme par Luther au cours de la Dispute de Heidelberg (1518), il prêche l'Evangile en Alsace dès 1523 ; il est nommé, l'année suivante, pasteur à Strasbourg. Quand Calvin arrive dans cette ville (1538), Bucer y travaille depuis quatorze ans déjà : il a eu le temps d'organiser une Eglise dont maints caractères seront repris à Genève quand l'auteur de l' "Institution de la Religion chrétienne" y retournera.

V. - SECOND SEJOUR DE CALVIN A GENEVE.

1. - En automne 1541, Calvin retourne à Genève, car lui seul, de l'avis des Genevois, peut y sauver la Réforme naissante. Durant les vingt-trois ans qu'il passe dans cette ville, il fait adopter ses "Ordonnances ecclésiastiques" qui fournissent une base solide à l'Eglise, il proclame inlassablement l'Evangile dans sa prédication, dans ses cours et dans ses écrits (ses oeuvres comprennent 59 volumes), il entretient une correspondance étendue avec des hommes de tous pays, il crée l'Académie où seront formés d'innombrables pasteurs, il essaie enfin de créer des liens solides entre les diverses Eglises issues de la Réforme.

2. - Comme l'atteste le "Testament" qu'il rédige peu de temps avant sa mort (1564), Calvin n'a eu d'autre but, dans toute sa vie, que de travailler pour la seule gloire de Dieu.

  THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Voici à gauche, la vignette de l'imprimeur Jean Girard (I.G. ou J.G.). En quoi traduit-elle bien l'esprit de la Réforme ?

2. Voici, à droite, la devise de Farel : " Que veux-je, sinon qu'elle flamboie ? ". De quelle épée parle ici Farel ? En quoi est-il, lui aussi, dans la ligne des réformateurs ?

 

Documents :

 

PREFACE AU COMMENTAIRE SUR LES PSAUMES

Dès que j'étais jeune enfant, mon père m'avait destiné à la théologie ; mais puis après, d'autant qu'il considérait que la science des lois communément enrichit ceux qui la suivent, cette espérance lui fit incontinent changer d'avis. Ainsi cela fut cause qu'on me retira de l'étude de philosophie, et que je fus mis à apprendre les lois; auxquelles combien que je m'efforçasse de m'employer fidèlement, pour obéir à mon père, Dieu toutefois par sa Providence secrète me fit finalement tourner bride d'un autre côté. Et premièrement, comme ainsi soit que je fusse si obstinément adonné aux superstitions de la papauté, qu'il était bien malaisé qu'on pût me tirer de ce bourbier si profond, par une conversion subite, il dompta et rangea à docilité mon coeur ; lequel, eu égard à l'âge, était par trop endurci en telles choses. Ayant donc reçu quelque goût et connaissance de la vraie piété, je fus incontinent enflambé d'un si grand désir de profiter, qu'encore que je quittasse pas du tout les autres études, je m'y employais toutefois plus lâchement. Or je fus ébahi que devant que l'an passât, tous ceux qui avaient quelque désir de la pure doctrine se rangeaient à moi pour apprendre, combien que je ne fisse quasi que commencer moi-même.

Jean CALVIN.

1. Qu'est-ce que Calvin entend par le mot "conversion" ?
2. A qui Calvin attribue-t-il l'origine de "sa" conversion" ?
3. Quels étaient, avant sa conversion, les sentiments de Calvin à l'égard de l'Eglise romaine ?

 

DEBUT DE " L'EPITRE AU ROI "

Au commencement que je m'appliquai à écrire ce présent livre, je ne pensais rien moins, Sire, que d'écrire choses qui fussent présentées à votre Majesté. Seulement mon propos était d'enseigner quelques rudiments, par lesquels ceux qui seraient touchés d'aucune bonne affection de Dieu fussent instruits à la vraie piété . Et principalement (je) voulais par ce mien labeur servir à nos Français, desquels j'en voyais plusieurs avoir faim et soif de Jésus-Christ, et bien peu qui en eussent reçu droite connaissance. Laquelle mienne délibération on pourra facilement apercevoir du livre, en tant que je l'ai accomodé à la plus simple forme d'enseigner qu'il m'a été possible.
Mais voyant que la fureur d'aucuns iniques s'était tant élevée en votre royaume, qu'elle n'avait laissé lieu aucun à toute saine doctrine, il m'a semblé être expédient de faire servir ce présent livre, tant d'instruction à ceux que premièrement j'avais délibéré d'enseigner, qu'aussi de confession de foi envers vous, pour que vous connaissiez quelle est la doctrine contre laquelle d'une telle rage furieusement sont enflambés ceux qui par feu et par glaive troublent aujourd'hui votre royaume.

Jean CALVIN.

4. Quelle est l'intention première de Calvin au moment où il écrit l' "Institution de la Religion chrétienne" ?
5. Quel est le second but visé par l'auteur de l' "Institution de la Religion chrétienne" ?

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Les Eglises en France au XVIe siècle

 

L La Réforme connaît en France une large audience. Mais le conflit entre catholiques et protestants aboutit à trente-six ans de sanglantes guerres civiles.

K En 1598 l'Edit de Nantes semble ouvrir aux réformés une ère de vie normale. En fait cet Edit ne sera qu'un répit de courte durée.

 

I. - DE FRANÇOIS Ier AU COLLOQUE DE POISSY.

1. - François 1er, en particulier grâce à l'influence de sa soeur Marguerite de Valois, semble d'abord favorable aux idées de la Réforme. Mais dès 1529, à la suite des décisions du concile de Sens qui définit la foi catholique, et de l'exécution de l'humaniste Berquin, la rupture entre les pouvoirs civils et la Réforme, est prévisible.
L'affaire des placards ne fait qu'envenimer les choses. Dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534 un tract anticatholique est placardé à Paris et en plusieurs villes de France ainsi qu'au château d'Amboise où séjourne le roi. Tract maladroit, au titre significatif : "Articles véritables sur les horribles, grands et insupportables abus de la Messe papale, inventée directement contre la Sainte Cène de Notre Seigneur, seul Médiateur et Sauveur Jésus-Christ". Réaction terrible. Des bûchers sont allumés. Beaucoup, dont Calvin et Marot, doivent s'enfuir et quitter la France.
En 1543, des édits royaux prennent position contre ceux qui ne suivent pas le catholicisme, qui font de la propagande en faveur de la Réforme. L' "hérésie protestante" est un crime social autant que religieux. La fin du règne de François 1er est marquée par la persécution des réformés. Henri II va encore plus loin dans la persécution.

2. - Mais les protestants s'affermissent, s'organisent, et le Premier Synode des Eglises Réformées de France se réunit à Paris du 26 au 28 mai 1559, attestant l'extension progressive du protestantisme dans tout le royaume. Une Confession de foi et une Discipline coordonnent et unifient les nouvelles Eglises.

3. - L'avènement de François II, après la mort accidentelle d'Henri II (1559), n'arrête pourtant pas les persécutions que subissent les réformés. C'est ainsi qu'Anne du Bourg, jeune conseiller au Parlement de Paris, est pendu en place de Grève pour avoir rallié et défendu les protestants.
Les Guises, catholiques, appartenant à une famille princière étrangère (la Maison de Lorraine) prétendent gouverner le jeune roi François II.
Le prince de Condé (protestant), pour le soustraire à leur influence, organise la Conjuration d'Amboise qui, découverte, et atrocement réprimée (1560). François II meurt. Charles IX lui succède. Catherine de Médicis, sa mère, est nommée régente. Pour pacifier le royaume elle convoque le Colloque de Poissy (1561), où les théologiens catholiques et protestants discutent sans résultat.

II. - LES GUERRES DE RELIGION.

1. - Pendant trente-six années la guerre civile ensanglante la France. Au cours de ces luttes s'affrontent deux partis politiques qui soutiennent les deux religions en présence.

2. - Les causes des guerres de religion sont diverses :

- la passion religieuse, tant de la part du parti catholique qui désire en finir avec l'hérésie réformée pour s'assurer la suprématie dans le royaume, que de la part du parti protestant à la tête duquel se trouve une noblesse peu disposée à accepter les attaques du clan opposé et à se laisser évincer des hautes fonctions du royaume.

- l'insuffisance du gouvernement royal ; Charles IX est jeune et faible, et la régente, Catherine de Médicis, manoeuvre entre les deux partis en présence pour s'assurer la possession du pouvoir.

- les intrigues politiques avec la prétention au trône de France de Philippe II, roi d'Espagne, époux de la fille d'Henri III, à la mort de ce dernier.

3. - Le massacre des réformés de Vassy par François de Guise (1562) déclenche la guerre civile. Théodore de Bèze se rend auprès de la reine pour demander le châtiment des responsables de ce massacre. Le roi de Navarre assiste à l'audience ; et comme il prend fait et cause pour ceux qui persécutent les réformés, il s'attire la célèbre réponse de Bèze : " Sire, c'est, à la vérité, à l'Eglise de Dieu, au nom de laquelle je parle, d'endurer les coups et non d'en donner. Mais aussi vous plaira-t-il vous souvenir que c'est une enclume qui a usé beaucoup de marteaux. "
Dès lors le conflit entre catholiques et protestants prend une forme armée : de 1562 à 1598 huit guerres de Religion ensanglantent la France. Elles sont marquées par deux grandes batailles (Jarnac et Moncontour - 1569) où les protestants sont vaincus, et par le massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) où périssent l'amiral Gaspard de Coligny et plusieurs milliers de réformés.

4. - Les dernières guerres ont souvent pour mobiles des passions plus politiques que religieuses. Les catholiques forment la Ligue qui est battue par Henri IV à Arques (1589) et à Ivry (1590). Mais Henri IV abjure le protestantisme à Saint-Denis (1593) et entre à Paris en maître incontesté du royaume.

Ill. - L'EDIT DE NANTES.

1. - La signature et les clauses de l'Edit de Nantes.
Pour mettre fin aux guerres de religion, Henri IV signe, en 1598, l'Edit de Nantes sur lequel on oppose le grand sceau de cire verte, marque des édits "perpétuels et irrévocables".
Cet édit accorde aux réformés : la liberté de conscience, la liberté du culte, mais avec des restrictions importantes (alors que le culte catholique est rétabli partout), l'admission à toutes les dignités et charges publiques, des garanties sérieuses pour la justice (chambres mi-parties, c'est-à-dire composées de juges catholiques et protestants), le droit d'ouvrir des écoles, des collèges et quatre académies, la possibilité de tenir des synodes, " avec la permission de Sa Majesté ", le droit de tenir garnison pendant huit ans dans 150 places de sûreté.
Après quarante ans de luttes, dont trente-six en des luttes armées qui coûtent près de 600 000 vies, les réformés obtiennent donc satisfaction en ce qui concerne leurs revendications fondamentales.

2. - La restauration de l'Eglise Réformée.
En 1571, le synode de La Rochelle adopte une Confession de foi connue sous le nom de Confession de foi de La Rochelle.
L'Edit de Nantes permet le renouvellement et l'organisation de l'Eglise Réformée qui réunit alors un certain nombre de synodes, avec la permission du roi s'entend. Le président, appelé Modérateur, est un pasteur. A chaque synode on renouvelle le serment d'union entre les Eglises et la fidélité à la Confession de foi.

3. - La mort d'Henri IV
Malgré de nombreuses pressions catholiques, Henri IV applique les principaux articles de l'Edit de Nantes : mais sa tolérance est jugée scandaleuse et finalement il la paie de sa vie (1610).

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.
1. Ce sceau est celui des Eglises réformées à la fin du XVIe siècle. Pourquoi représente-t-il le buisson ardent avec au milieu des flammes le nom de Yahvé (en lettres hébraïques). Quelle date est ici indiquée ? Pourquoi cette date est-elle particulièrement importante ?

2. Consulter un dictionnaire et rechercher des documents relatifs à quelques protestants de l'époque dont le nom est célèbre : Ambroise Paré, Jean Goujon, Louis Bourgeois, Agrippa d'Aubigné, Bernard Palissy, Salomon de Brosse.


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LETTRE DU PRINCE DE CONDE JUSTIFIANT SON INTERVENTION ARMEE (extraits)

... Protestent le dit seigneur (prince de Condé) et toute sa compagnie devant la majesté de Dieu (...) que leurs armes (c'est-à-dire leur révolte ou prises d'armes) ne s'adressent et ne s'adresseront jamais contre sa majesté, mais contre les ennemis de celle-ci, lesquels ils tiennent pour rebelles et séditieux et criminels de lèse-majesté divine et humaine parce qu'ils ont renversé les lois et coutumes de ce royaume, ont enfreint les édits du roi et violé l'autorité des Etats en s'ingérant au conseil de sa majesté. Davantage parce qu'ils se sont emparés de sa personne, forcent sa liberté, abusent de son nom pour colorer leur ambition et cruautés insatiables ; ont fait et font ordinairement : conspirations, ligues et pratiques, tant pour maintenir leur usurpation que pour ruiner la plupart des fidèles serviteurs du roi et notamment pour bannir de France la pure prédication de l'Evangile, saccager et exterminer ceux qui en font profession. Contre ceux-là donc seulement et pour ces causes avec les autres qui en dépendent, les dits seigneurs Prince et associés protestent avoir (pris) les armes en main et les y avoir par une extrême nécessité, n'ayant autre moyen pour conserver la majesté du roi, ses édits, sa grandeur, l'état de la couronne, l'autorité de ses états, la vie et biens d'une infinie multitude de ses pauvres sujets et singulièrement le pur service de Dieu établi en ce royaume par l'autorité du roi.
Des quelles choses l'importance touche tellement au coeur du dit seigneur Prince de Condé et de ceux qui le suivent, que prévoyant l'horrible calamité et désolation qui en adviendrait en ce royaume et que toute la France baignerait en son sang si leurs ennemis continuaient les massacres et cruautés exercées depuis cinq mois, ils délibèrent tous, ne fuir aucune peine pour établir le repos de ce royaume mais hasarder leurs vies pour assurer celles de tant de bons et fidèles sujets et serviteurs du roi.
Le dit seigneur Prince exhorte et prie tous ses associés de marcher avec lui d'un même pied en l'exécution d'une si bonne et sainte entreprise, dressant leur vue à la justice de leur cause et constituant toute leur force en la vertu de Dieu, afin d'être certains que, combattant pour l'avancement de sa gloire, le soulagement de ses Eglises, la conservation de leur roi et le repos de leur pays, ils sentiront l'assistance et secours de Dieu.

Fait à Orléans le huitième jour d'Août, mil cinq cent soixante deux
ainsi signé Louis de BOURBON.

1. Le prince Louis de Condé, chef du parti protestant, justifie en 1562 son intervention armée. Quelles sont les raisons qu'invoque Condé pour avoir pris les armes ?
2. Les raisons de Louis de Condé vous semblent-elles suffisantes pour justifier une action armée ?
3. Quelle est l'attitude du prince de Condé à l'égard du roi Charles IX, alors âgé de douze ans ?
Pourquoi ?