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Cours de formation générale : séquence A/3

Comme tous les cours de formation générale, cette page comprend 3 unités :

  1. Le cours de théologie biblique (seuls les titres de chapitre sont disponibles)
  2. Le cours de doctrine ;
    accompagné des lectures complémentaires
    (à télécharger)
  3. Le cours d'histoire de l'Eglise (ou plus exactement les fiches distribuées lors des cours)

1.

  Plan du cours de théologie biblique (A/3)

1/ LA SORTIE D'ÉGYPTE

a/ Dieu intervient dans l'histoire pour le salut de son peuple

b/ Dieu se choisit un médiateur humain

c/ Le salut consiste d'abord en une délivrance

d/ La délivrance s'accompagne d'un jugement

e/ Le prix de la grâce

f/ Le salut implique un déracinement

2/ L'ALLIANCE AU SINAÏ

a/ La rencontre avec Dieu

b/ L'homme invité à répondre

c/ L'obéissance comme moyen de grâce

d/ L'égarement de la religion naturelle

e/ Le pardon comme fondement et avenir de l'Alliance

 

2.

 Cours de doctrine A/3
LA BIBLE, PAROLE DE DIEU

Quel est le statut exact de la Bible ? Comment Dieu parle-t-il ? Cette question agite les milieux protestants depuis près de deux siècles. Des premiers libéraux rationalistes qui plaçaient la raison comme juge suprême de ce que nous avions à croire, aux fidéistes qui rejetaient l’objectivité du texte au nom de la liberté de la conscience religieuse, jusqu’à Karl Barth qui voyait dans la Bible, non pas la Parole de Dieu en soi, mais le lieu dans lequel la Parole de Dieu pouvait advenir, combien d’hypothèses ont été lancées pour contourner cette simple affirmation selon laquelle la Bible est la Parole de Dieu !

REVELATION ET CONNAISSANCE DE DIEU

- S’il y a bien une révélation générale de Dieu inscrite dans les structures du monde créé (Ps.19/1-5), à cause des ténèbres de la chute, l’homme est devenu incapable par lui-même d’accéder à une juste connaissance de Dieu par ce moyen (Rm.1/20-23).

- Ainsi, la volonté de salut de Dieu implique, entre autre, une intervention dans le monde visant à surajouter une révélation spéciale, une lumière surnaturelle capable de percer les ténèbres de l’âme humaine égarée par le péché (1Co.2/9-10). Celle-ci, agissante pour notre salut (Rm.1/16), est également plus complète : si par la révélation générale le Dieu Créateur se fait connaître, par la révélation spéciale je peux aussi découvrir le visage du Dieu Rédempteur.

- Cette révélation culmine dans la personne de Jésus-Christ, Parole de Dieu faite chair (Jn.1/14). Autrement dit, cette révélation a un caractère objectif. Elle n’est pas fondée sur des visions ou récits mystiques toujours invérifiables (2Pi.1/16-18) mais sur un acte de Dieu inscrit dans l’histoire.

- Ainsi la révélation verbale (orale ou écrite) est tout entière liée au temps et aux lieux où Dieu est intervenu pour le salut des hommes. Il y a donc une histoire de la révélation qui coïncide avec l’histoire " sainte " ou l’histoire du salut. Celle-ci étant achevée en Jésus-Christ (He.1/1-2a), la révélation est close (Ap.22/18-19).

- Il ne s'en suit pas que Dieu ne parlerait plus aujourd'hui ! Si Dieu parle effectivement dans mon présent, il me parle "à travers" cette révélation achevée. L'Esprit-Saint enseigne les croyants en rappelant les paroles du Fils (Jn.14/26), et c'est pourquoi il faut écouter "ce que l'Esprit dit aux Eglises" (Ap.2/7, 11, 17, 29, 3/6, 13, 22). L'Esprit agit par la Parole révélée une fois pour toutes. La connaissance de Dieu ne peut donc être immédiate, elle s’appuie nécessairement sur une connaissance de ce que Dieu a fait et dit dans le temps de la révélation spéciale (1Jn.1/1-3).

EVENEMENT, PAROLE ET ECRITURE

- Fondamentalement la révélation spéciale, c’est d’abord un événement… Il s’est passé quelque chose dans notre histoire (Abraham a quitté son pays, les Hébreux ont été libérés de l’esclavage, Jésus-Christ est venu dans le monde…).

- Mais cet événement n’est perceptible dans sa signification que grâce à une parole interprétative. Dans la révélation cette parole interprétative est donnée soit avant l’événement (prophétie) soit en même temps que l’événement et quelquefois après l’événement. Dans tous les cas cette parole est donnée par Dieu au même titre que l’événement lui-même (1Co.12/3). Ainsi "l'inspiration" (voir 2 Tim. 3/16) qui a produit la Bible, constitue-t-elle le deuxième moment de la révélation elle-même.

- Contrairement à notre façon habituelle de voir les choses " l’inspiration " est liée au fait qu’une parole vient de Dieu et pas nécessairement à la spiritualité de celui qui la prononce en premier lieu (Jn.11/49-52). La révélation verbale de Dieu est souveraine, sa signification pleinière peut ainsi dépasser ce que l’énonciateur humain a pu concevoir.

- Ce phénomène s’accentue par le fait de l’Ecriture. Dieu a fait écrire sa Parole (Ex.17/14 ; Jr.36/2, Ap.l/11...). Par ce moyen celle-ci échappe encore plus à la volonté du rédacteur pour devenir un élément signifiant en relation avec l’ensemble de la Parole écrite (voir le traitement de la prophétie d'Osée 11/1 en Matthieu 2/15).

- Cela ne signifie pas cependant que l'humanité des rédacteurs aient été contournée par Dieu. Ceux-ci s'expriment en fonction de leur personnalité, de leur contexte, de leur mandat ou de leur propre intention. " L’inspiration " divine n’implique nullement des phénomènes de " possession " ou de " dictée mécanique " de la part des écrivains sacrés. Ainsi, l’humanité de l’Ecriture est totale, et malgré tout elle est pleinement la Parole de Dieu. Un parallèle légitime et suggestif doit être fait ici avec Jésus-Christ, Parole éternelle de Dieu, vrai homme et vrai Dieu à la fois.

L’AUTORITE DE LA BIBLE

- Parce qu’elle est Parole de Dieu, la Bible est la norme ultime de ce que nous avons à croire. Son autorité n’est pas limitée à la perception subjective que l’on a à son contact. L’autorité de la Bible est inhérente au texte (Mt.5/18). C'est une autorité que l'homme pécheur peut contester ("Dieu a-t-il réellement dit ?" - Ge.3/1), mais que la grâce conduit à reconnaître comme telle (1Th.2/13).

- Ceci étant nous ne pouvons écarter la nécessité d'une interprétation. Puisque la Bible est tout autant parole d'hommes que parole de Dieu, puisqu'elle ne se présente pas comme un catalogue immuable de vérités intemporelles, chaque passage doit être interprété en fonction de l’intention du texte, sa situation historique et finalement l’analogie de l’Ecriture. Il y a donc un travail d'écoute de la Parole qui se vit dans la foi et grâce à l'assistance du Saint-Esprit. C'est une étape délicate mais indispensable. Elle est la condition de la réception actuelle de la révélation divine. Fort heureusement, la Bible elle-même nous donne souvent les clés d’une juste interprétation.

Lectures complémentaires
à télécharger

de Jean Calvin : extrait de "L'institution chrétienne", édition abrégée en français moderne
Editions P.B.U. ; Lausanne 1985 ; les pages 25 à 31
&

de Pierre Courthial : extrait de "Fondements pour l'avenir"
Editions Kérygma ; Aix-en-Provence 1981 ; les pages 7 à 10
&
de Paul Wells : extrait de "Quand Dieu a parlé aux hommes";
Editions L.L.B. ; Guebwiller 1985 ; les pages 64 à 66


document RTF de 42 ko

3.

Histoire de l'Eglise A/3

Les documents ci-dessous sont essentiellement issus d'un dossier catéchétique publié au début des années 70 par la Société des Ecoles du Dimanche et intitulé : "30 fiches d'histoire de l'Eglise". Ce dossier n'est plus édité.

Le siècle d'Augustin

K Le Ve siècle est un siècle difficile pour l'Eglise. Mais des hommes de grande valeur, en particulier Augustin en Afrique, témoignent de la puissance et de la vitalité du christianisme.

K Avec la fin de l'empire romain et le développement des invasions barbares, naît un monde nouveau où l'évêque de Rome va jouer un rôle important.


I. - UN SIECLE DIFFICILE.

1. - La puissance du christianisme.

Au début du Ve siècle les cultes païens ont perdu de leur vigueur, et beaucoup ont disparu.
Les habitants de l'empire romain, dans leur majorité, sont
chrétiens ; même s'ils sont venus à l'Eglise pour des raisons parfois discutables, ils subissent maintenant en profondeur l'influence du christianisme.
Les empereurs romains accordent leur protection dans la lutte contre les hérésies, pour le maintien du " bon dépôt " confié à l'Eglise.
Mais il y a des ombres au tableau, en particulier la rupture de l'unité de l'empire romain et les invasions barbares.

2. - L'unité de l'empire romain est définitivement rompue.

En 395, à la mort de Théodose, la division de l'empire romain en deux parties est définitive. Il existe alors un empire d'orient dont Constantinople est la capitale (empire qui subsistera jusqu'en 1453), et un empire d'occident qui va rapidement disparaître.

3. - Les grandes invasions.

Au début du Ve siècle les peuplades germaniques, obligées de fuir devant les Huns, se dirigent vers les pays riverains de la Méditerranée. C'est ainsi qu'en 410 Alaric et les Wisigoths prennent et pillent Rome, qu'en 429 les Vandales occupent l'Afrique du Nord. Les Vandales font le siège d'Hippone, une ville dont l'évêque s'appelle Augustin.


II. - AUGUSTIN.

1. - Sa jeunesse.

Augustin naît en 354 à Thagaste, province de Numidie (Algérie), d'un père païen et d'une mère chrétienne qui a une grande influence sur lui. Il fait ses études, d'abord dans sa ville natale, puis à Madaure et à Carthage, métropole de l'Afrique romaine, où il étudie le droit et reçoit une formation toute littéraire.
Ses études terminées, pendant treize ans, il est
professeur de rhétorique à Thagaste, à Carthage, à Rome, enfin à Milan. Dans la capitale de l'empire, Augustin consacre beaucoup de temps à l'étude, mais aussi à hanter les antichambres des ministères dans l'espoir d'obtenir un poste de gouverneur de province. Mais Dieu, qui a d'autres plans, bouleverse la vie du jeune professeur.

2. - Sa conversion.

A Milan, Augustin ne rencontre pas seulement des philosophes et des politiciens, mais aussi des chrétiens, au premier rang desquels il faut signaler l'évêque Ambroise. Et voici que Dieu se révèle à Augustin, dans une heure de véritable illumination, qui nous est longuement rapportée dans les " Confessions ".
Augustin, obéissant à l'invitation entendue : " 
Prends et lis ", ouvre la Parole de Dieu, décide de renoncer au monde, d'entrer dans l'Eglise et de se consacrer tout entier au service de Dieu. Après quelques mois de réflexion et de retraite il est baptisé par Ambroise, à Pâques 387. Il a trente-trois ans.

3. - Evêque d'Hippone.

Augustin veut rentrer en Afrique. Mais la mort de sa mère Monique retarde d'un an son retour en Afrique.
A Thagaste il vend ses propriétés, groupe autour de lui ses amis, organise une sorte de
communauté monastique. Période de travail et de réflexion qui dure trois ans.
Mais un jour, entré dans l'église d'Hippone (près de Bône), il entend l'évêque Valérius demander la nomination d'un
prêtre capable de le seconder, en particulier dans la prédication. La voix du peuple désigne Augustin. Prêtre à trente-six ans, il devient évêque d'Hippone à quarante-deux ans, et le sera jusqu'à sa mort en 430.

4. - Le docteur de l'Église.

Augustin est un grand docteur de l'Eglise, son oeuvre considérable et profonde en témoigne. Esprit clairvoyant et intelligence vive, il a su faire face aux grands problèmes théologiques de l'époque. Parmi beaucoup d'autres travaux, on peut signaler la Cité de Dieu et les Confessions où il révèle le chemin qui l'a conduit à Dieu.


III. - NAISSANCE D'UN MONDE NOUVEAU.

1. - Les dernières invasions.

Les invasions barbares marquent durement la fin du Ve siècle. Invasions en chaîne, où chacun fuit devant un envahisseur plus fort, elles culminent dans l'arrivée des Huns dont Attila est le chef. Les Huns sont arrêtés en Gaule en 451, aux " champs catalauniques ", près de Châlons-sur-Marne, par la coalition des armées romaines et des germains.

Les Francs, venus de Germanie, deviennent les maîtres de la Gaule, la Provence exceptée. En 481 Clovis fonde le royaume franc et la dynastie des Mérovingiens. Converti au christianisme, il se fait baptiser à Reims par l'évêque Rémi.

A cette époque un fait passe presque inaperçu : la destitution de l'empereur Romulus Augustule en 476. En fait cette destitution marque la fin de l'empire romain d'occident.

2. - L'affermissement de l'autorité pontificale.

Au moment où l'empire romain d'occident disparaît, une force nouvelle s'affermit et s'impose en occident, celle de l'évêque de Rome. Plusieurs circonstances favorisent le développement de la puissance de celui qu'on appelle désormais pape. En particulier l'évêque de Rome défend le " bon dépôt de la foi " et devient, en l'absence de l'empereur qui siège à Constantinople, le personnage le plus important de l'occident. On regarde à lui comme à un chef, dans l'ordre de la spiritualité comme dans l'ordre de la culture.

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Augustin insiste beaucoup sur le fait que Jésus-Christ est seul médiateur entre Dieu et les hommes. Relever dans le Nouveau Testament quelques passages fondamentaux à cet égard (Actes 4 : 12 - 1 Tim. 2 : 5 - Héb. 8 : 6) En quoi cette affirmation est-elle importante pour la vie chrétienne ?

2. Augustin a très fortement opposé la Cité de Dieu à la Cité terrestre. Y a-t-il des fondements bibliques à cette opposition ? Ne faut-il pas nuancer cette opposition ? (1 Pierre 2 : 11 - Philip. 3 : 20 - Héb. 11 : 10 et 16 ; 12 : 22 ; 13 : 14, sans oublier Jean 17 : 15 - 1 Cor. 5 : 10).

Documents :

PRENDS ET LIS

Quand enfin mon regard plongeant eut tiré du fond mystérieux et amené sous I'oeil de mon coeur toute ma misère, une bourrasque énorme se forma, chargée d'une énorme averse de larmes. Pour la décharger avec tout son fracas, je me levai d'auprès d'Alypius. Pleurer était une affaire où l'isolement, à mon idée, s'accordait mieux. je me retirai donc plus à l'écart, pour que nulle présence, la sienne comprise, ne me gênât.

Et voici que j'entends, d'une maison voisine, garçon ou fille je ne sais, une voix chanter qui répétaille : " Prends, lis; prends, lis. " Aussitôt je change de visage, me voilà tout oreilles à chercher dans ma tête si quelque refrain de ce genre fait partie du répertoire des jeux d'enfants. Il ne me revient absolument pas que je l'aie nulle part entendu. Refoulant le torrent de mes larmes, je me levai, dans l'idée que le ciel m'ordonnait d'ouvrir le cahier de l'apôtre pour y lire le premier paragraphe que je trouverais. Au fait, je l'avais ouï-dire d'Antoine, qu'il reçut avis d'une lecture de l'Evangile où, survenant par hasard, ce qu'on lisait lui semblait dit à son adresse : " Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres : tu auras un trésor dans les cieux, puis viens, suis-moi. " Un tel oracle l'avait sur-le-champ retourné vers toi.

Je regagnai donc en hâte l'endroit où Alypius était assis. J'avais, en me levant, posé le cahier de l'apôtre. Je me jetai dessus, j'ouvris et sans rien dire je lus le premier alinéa qui me tomba sous les yeux : " ... Non en banquets et beuveries, non en luxures et impudicités, non en contention et jalousie, mais endossez le Christ, le Seigneur Jésus et n'allez point pourvoir la chair dans les convoitises. " je ne voulus, et d'ailleurs il n'était besoin, lire plus avant. Oui, aussitôt la phrase finie, les ténèbres du doute se dissipèrent toutes comme sous une lumière de sécurité infuse en mon coeur.

Là-dessus, après y avoir intercalé le doigt ou je ne sais quelle autre marque, je fermai le livre et, le visage enfin tranquille, je mis Alypius au courant. Nous entrons de là chez ma mère, nous la mettons au courant. 0 joie ! Nous contons les péripéties : elle exulte, elle triomphe. Elle te bénissait, toi dont le pouvoir efficient va plus loin que nos prières et que nos idées.

AUGUSTIN. Les Confessions.

1 - Pourquoi, à cette heure importante, Augustin veut-il connaître l'isolement ?
2 - Quand il entend l'ordre que lui donne la voix enfantine, à quel souvenir se réfère-t-il ?
3 - Quel est, dans l'épître de Paul aux Romains, la référence exacte du texte lu par Augustin ?
4 - Dans sa joie, que fait Monique, la mère d'Augustin ? Pourquoi ?

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Benoît de Nursie et le monachisme

K A la suite de la décadence et de la chute de l'empire romain d'occident en 476, l'Eglise prend, en beaucoup de domaines, la relève de l'empire.

K A partir du IVe siècle se développe le monachisme auquel Benoît de Nursie donne au VIe siècle une forte organisation. Malgré des aspects parfois discutables, le monachisme a été, pendant près de dix siècles, un des moyens dont Dieu s'est servi pour maintenir et développer son Eglise.


I. - L'EGLISE ET L'EVANGELISATION.

1. - Le baptême de Clovis entraîne la conversion des guerriers francs, l'appui des évêques et de toute la population gallo-romaine. Dès lors Clovis est considéré comme le défenseur de l'Église catholique en occident.
L'adhésion des peuples germaniques à la foi chrétienne est un événement très important; d'une part,
l'Eglise s'étend aux nouvelles nations germano-romaines, d'autre part, elle, peut envisager de nouvelles expansions.
Mais en même temps l'Église connaît une sérieuse épreuve : les Eglises des peuples germaniques sont ariennes et menacent donc l'unité spirituelle de l'Église.

2. - Avec les Eglises germaniques nous voyons germer l'idée d'Eglises nationales, idée qui se développera rapidement et deviendrai la source de graves conflits. C'est ainsi que les Francs, les Lombards, les Anglo-Saxons créeront des Eglises nationales.

3. - Si au début du IVe siècle les chrétiens sont une minorité dans l'empire romain, à la fin du IVe siècle ils forment une majorité indiscutable, du fait de l'effort d'évangélisation entrepris grâce aux pouvoirs publics. Mais ces progrès ne vont pas sans résistance, en particulier chez les paysans attachés à leurs dieux et dans l'aristocratie imprégnée de la culture grecque et latine.

4. - En Gaule l'évangélisation est entreprise par les évêques et les clercs qui font des tournées d'évangélisation et fondent des paroisses de campagne. Martin, converti au christianisme alors qu'il était soldat sur le Rhin, a une influence considérable. Il fonde un monastère à Ligugé (au sud de Poitiers) d'où il évangélise la région. Devenu évêque de Tours, il forme des moines destinés à l'évangélisation.

5. - Au Ve siècle, Patrick fonde l'Église d'Irlande. A la fin du VIe siècle, Colomban, formé en Irlande, vient en Gaule et travaille en Bourgogne où il fonde plusieurs monastères. Puis il se rend en Alemanie où les évêchés du IVe siècle ont disparu. Son oeuvre est continuée par l'un de ses disciples, Gall, lequel fonde en Suisse un monastère qui porte le, nom de Saint-Gall.
Quatre-vingts moines bénédictins évangélisent la Grande-Bretagne où Cantorbéry devient un centre important pour la diffusion de l'évangile.


II. - LE MONACHISME.

1 - Comme Elie au torrent de Kerith, au Carmel ou à Horeb (1 Rois 17 à 19), comme Elisée au milieu des " fils des prophètes " (2 Rois 2-4-6), comme Jean-Baptiste au bord du Jourdain (Mat. 3 et 4), comme Jésus lui-même au jour de sa tentation, certains chrétiens désirent vivre parfois dans la retraite et la méditation solitaire, tout en matant durement leur corps.

2. - Le monachisrne apparaît dans l'Eglise chrétienne, à partir du IVe siècle, comme un désir de vivre pleinement la vie chrétienne, comme une mise en pratique de la foi par une conduite conforme à la volonté du Seigneur, comme une recherche de la sainteté qui est réclamée de tout vrai croyant.
L'idéal monastique qui se manifeste alors fait historiquement suite aux persécutions. Pendant l'ère des persécutions, en effet, les fidèles qui veulent gagner le ciel peuvent toujours obtenir la mort du martyr ; au IVe siècle ce moyen fait défaut ; ceux qui, à l'exemple des martyrs, veulent manifester par un acte visible leur fidélité à Jésus-Christ, recherchent alors une vie de sanctification totale par la
retraite au désert, la mortification du corps, la prière et la méditation assidues.

3. - C'est en Egypte que certains chrétiens vont d'abord vivre en solitaires au désert, dans le renoncement le plus total. Mais contre ces rigueurs exagérées, à l'utilité souvent discutable, Pachôme réagit en fondant un couvent au nord de Thèbes.

4. - Dès lors on peut distinguer deux types principaux de vie monastique :

- la vie du solitaire, généralement appelé ermite (qui vit au désert), dont l'exemple le plus caractéristique est fourni par Siméon le Stylite qui passe trente-six ans sur une colonne, dans les collines voisines d'Antioche ;

- la vie des moines, groupés en communautés dans un monastère ou couvent ; ces moines suivent des règles communes et obéissent à un chef (abbé). C'est ce type communautaire qui se développe le plus largement dans les Eglises.

5. - En orient les couvents sont organisés selon la règle de Basile (évêque de Césarée de Cappadoce vivant à la fin du IVe siècle).

En occident, le mouvement monastique se développe plus lentement. Mais un homme organise le monachisme occidental : Benoît.
Originaire de Nursie, au nord-est de Rome, Benoît fait des études à Rome en un VIe siècle qui connaît de fortes angoisses. Au moment où les barbares envahissent ce qui reste de l'empire romain, Benoît quitte Rome pour se réfugier pendant trois ans dans une grotte où il mène une vie d'ermite. Puis il fonde un monastère au Mont-Cassin (nord-ouest de Naples) dont il reste le responsable jusqu'à sa mort. La " règle " qu'il met au point pour son monastère est lentement adoptée par tous les couvents d'occident.

6. - Le monachisme permet à l'Eglise de se maintenir et de se développer en occident pendant dix siècles.
Mais
deux erreurs se font jour assez rapidement et se développent avec vigueur : d'une part l'idée peu biblique d'une séparation tranchée entre l'âme et le corps, d'autre part le désir, souvent bien ancré dans l'esprit des moines, d'obtenir le salut par des privations et des efforts souvent extraordinaires.


III. - LA PAPAUTE : GREGOIRE LE GRAND.

Grégoire le Grand, issu d'une illustre famille romaine, est une grande figure du début du Moyen Age.
Ancien préfet de Rome, il connaît l'art de
gouverner ; consacrant sa fortune à la création de plusieurs monastères et d'oeuvres charitables, il devient lui-même moine dans son ancien palais romain transformé en monastères. Elu pape par le clergé et le peuple en 590, il entreprend d'affermir l'autorité pontificale, d'évangéliser les barbares, d'exhorter les chrétiens à vivre conformément aux exigences du Christ. Il meurt en 614, ayant marqué de façon profonde une période difficile de l'histoire de l'Eglise.

C'est également au cours du VIe siècle qu'est promulgué le symbole dit d'Athanase. Texte théologique très pointu, cette confession de foi fait la synthèse des grands débats conciliaires des siècles passés au sujet de la Trinité et de la double nature du Christ. On lui reprochera, non son contenu en soi, mais son dogmatisme, puisqu'elle rattache directement la question du salut à la confession exacte de subtilités que seule une élite est capable d'appréhender. Le lit de l'Inquisition la plus redoutable est ainsi préparé.

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Le jeûne est souvent mentionné dons le Nouveau Testament (Matthieu 4 : 1-2 - 6 : 16-18 - 17 : 21 - Luc 18-12 - Actes 13 : 2 ss. - 14 : 23 - 2 Corinthiens 11 : 27 par ex.). Quelle valeur a-t-il dans ces cas rapportés par la Parole de Dieu ? Dans quelle mesure l'Eglise jeûne-t-elle actuellement ? Est-ce suffisant ou insuffisant ?

2. Quelle est l'importance du corps aux yeux de Dieu ? Comment le traiter et dans quelle mesure et jusqu'à quel point avons-nous le droit de nous préoccuper de son entretien, de sa santé ? Quelles images l'Ecriture nous offre-t-elle pour parler du corps humain ? 1 Corinthiens 3 : 16-17 et 6 : 19 par exemple.

Documents :

LE DISCERNEMENT DE BENOIT

Le roi Totila avait ouï-dire que le saint homme possédait le don de prophétie. Il se dirigea vers son monastère, s'arrêta à quelque distance, et fit annoncer son arrivée. On répondit immédiatement au roi qu'il pouvait venir. Mais lui, de nature déloyale, voulut vérifier si l'homme de Dieu avait réellement l'esprit de prophétie. A l'un de ses écuyers qui se nommait Riggo, il donna ses bottes, lui fit revêtir des habits royaux et lui ordonna d'aller trouver Benoît en se faisant passer pour le roi en personne. Il lui adjoignit, comme suite, les trois comtes Vulteric, Ruderic et Blidin, d'ordinaire plus spécialement attachés à son service ; ceux-ci devaient l'entourer de manière à donner l'impression au serviteur de Dieu que c'était le roi Totila lui-même qu'il avait devant les yeux. Il lui fournit aussi une escorte et des écuyers pour faire croire par ce cortège même et par la pourpre dont ce personnage était revêtu qu'il s'agissait bien du roi.

Lors donc que Riggo, en costume d'apparat, accompagné d'une garde nombreuse, pénétra dans le monastère, l'homme de Dieu se tenait assis à une certaine distance. Le voyant arriver, dès qu'il put se faire entendre de lui, il s'écria : " Quitte, mon fils, quitte ce que tu portes : ce n'est pas à toi. " Riggo tomba précipitamment à terre, épouvanté d'avoir osé se jouer d'un tel homme ; et tous ceux qui s'étaient rendus avec lui auprès du serviteur de Dieu se jetèrent également contre le sol. Et, s'étant relevés, ils n'osèrent point s'approcher de lui plus avant ; mais, revenus vers le roi, ils lui racontèrent en tremblant avec quelle promptitude leur feinte avait été déjouée.

Alors Totila vint personnellement trouver l'homme de Dieu ; mais, quand de loin il l'aperçut assis, n'osant s'approcher, il se prosterna jusqu'à terre. Deux ou trois fois l'homme de Dieu lui dit : " Lève-toi ! " ; mais lui n'osait pas se relever en sa présence. Benoît, serviteur du Christ Jésus, daigna s'avancer lui-même vers le roi humilié, le releva, lui reprocha ses actions, et, en quelques paroles, lui prédit tout ce qui devait lui arriver - " Tu as fait beaucoup de mal, lui dit-il, tu en as beaucoup fait ; abstiens-toi enfin de l'iniquité. Oui, tu entreras dans Rome, tu passeras la mer, tu régneras neuf années et tu mourras la dixième. " A ces mots, le roi terrifié se retira en se recommandant à ses prières; et depuis lors, il se montra moins cruel. Peu de temps après, il marcha sur Rome, se dirigea vers la Sicile, et la dixième année de son règne, par le jugement du Dieu Tout-puissant, il perdit son royaume et la vie.

GRÉGOIRE LE GRAND. Dialogues.

1. Pour quelle raison Totila, roi des Ostrogoths, utilise-t-il la ruse ici rapportée ? Qu'est-ce que cela dénote de sa part ?
2. Que se passe-t-il lorsque les envoyés du roi rencontrent Benoît ?
3. Quels sont les sentiments du roi en voyant Benoît ?
4. Que se passe-t-il dans le coeur du roi après avoir rencontré le moine ?

Documents :

L'OBEISSANCE DES MOINES.
extrait de la règle de St Benoît

La première étape de l'humilité, c'est l'obéissance sans délai. Elle convient à ceux qui estiment qu'il n'y a rien de plus cher, pour eux, que le Christ. A cause du service saint dont ils ont fait profession, à cause de la crainte de l'enfer et de la gloire de la vie éternelle, à peine le supérieur a-t-il commandé quelque chose, qu'ils ne savent souffrir aucun délai dans l'exécution, tout comme si l'ordre venait de Dieu. C'est d'eux que le Seigneur dit : " Dès que son oreille m'a entendu, il m'a obéi ". Et il dit aussi à ceux qui enseignent : " Qui vous écoute m'écoute "...

Ainsi, ne vivant pas à leur guise et n'obéissant pas à leurs désirs ni à leurs inclinations, mais marchant selon le jugement et le commandement d'un autre, ils désirent vivre en communauté, et avoir un abbé à leur tête. Sans aucun doute, de tels hommes suivent la sentence du Seigneur, qui dit . " Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé ".

Mais cette même obéissance sera alors bien reçue de Dieu et douce aux hommes, si ce qui est ordonné est exécuté sans trouble, sans lenteur, sans murmure, sans réplique ni refus, car l'obéissance qu'on rend aux supérieurs, on l'adresse à Dieu. Lui-même a dit, en effet : " Qui vous écoute m'écoute ". Et il faut qu'elle soit offerte de bon coeur par les disciples, " car Dieu aime celui qui donne avec joie ".

De ce fait, si le disciple obéit de mauvais gré, et s'il murmure non seulement de bouche, mais aussi dans son coeur, même s'il exécute l'ordre, cependant ce ne sera plus agréable à Dieu, qui voit le coeur murmurer, et pour un tel acte, il n'obtient aucune récompense. Bien au contraire, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne fait satisfaction et ne se corrige.

Règle de St Benoît, § 5.

Traduit par Dom Ant. DUMAS.