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Cours de formation générale : séquence B/3

Comme tous les cours de formation générale, cette page comprend 3 unités :

  1. Le cours de théologie biblique (seuls les titres de chapitre sont disponibles)
  2. Le cours de doctrine ;
    accompagné des lectures complémentaires
    (à télécharger)
  3. Le cours d'histoire de l'Eglise (ou plus exactement les fiches distribuées lors des cours)

1.

Plan du cours de théologie biblique (B/3)
Fin d'Israël et de Juda et retour d'exil

1/ LA CHUTE DES ROYAUMES

a/ Le jugement des nations infidèles

b/ La fin d'une histoire

c/ La disparition du royaume schismatique

2/ L'EXIL

a/ L'alliance dépasse le seul cadre national

b/ Vers un nouvel accomplissement

3/ LE RETOUR D'EXIL

a/ De la mort à la résurrection

b/ Une autre histoire

c/ Un chemin de repentance

2.

Cours de doctrine B/3
LE ROLE DE LA LOI DANS L’ALLIANCE DE GRACE

Entre les discours de Jésus dans le " sermon sur la montagne " où il annonce que pas un seul détail de la Loi ne sera supprimé, et les affirmations massives de l’apôtre Paul (notamment dans la lettre aux Galates) sur la supériorité de la foi par rapport au système de la loi dans notre relation à Dieu, les chrétiens ont quelquefois du mal à se situer. Soit ils retombent dans le légalisme (salut par l’obéissance à la Loi), soit ils font naufrage dans l’antinomisme (rejet de la Loi an nom de la priorité de la grâce). Il importe donc de clarifier la fonction de la Loi dans le cadre de la révélation pleine et entière de l’Alliance de grâce en Jésus-Christ.

CARACTERISTIQUES DE LA LOI DE DIEU

- La Loi révélée dans l’Ecriture Sainte est le reflet de l’être et des attributs de Dieu (Lév.19/2). Autrement dit, cette loi est universelle. Elle n’est pas soumise, dans son essence morale, aux variations culturelles (Mt.28/l9-20).

- Elle demeure sous forme de traces dans le cœur de chaque homme par l’effet de la grâce générale (Rm.2/14-15). C’est pourquoi Dieu exerce son jugement sur les l’hommes, même ceux qui ne connaissent pas la révélation biblique, sur la base de cette même Loi (Sodome et Gomorrhe ; Ninive... - voir aussi Amos 1/3 à 2/3).

- Dans la Bible, la loi de Dieu nous est communiquée (donnée !... la Loi est un don !) sous des registres littéraires fort différents. De la charte d’Alliance du Sinaï (les 10 commandements) jusqu’aux exhortations des apôtres, en passant par des prescriptions diverses, des avertissements, des jugements, des histoires significatives, la Loi de Dieu affleure partout de telle sorte que c’est la Révélation tout entière qui est Loi, de même qu’elle est tout entière Evangile.

- Reflet des attributs de Dieu en l’humanité, la Loi est adaptée à la condition humaine (finitude, temporalité) de telle manière qu’elle est aussi bien pour l’homme que pour Dieu (Mc.2/27). En ce sens la Loi de Dieu est Sagesse (Pr.1/7), elle est un art de vivre. La Loi prend en compte également la condition de l’homme sous la chute, non pour relativiser ses injonctions, mais en faisant apparaître les nécessaires comportements sociaux qui en découlent et en gérant les conséquences de la faute (par le jugement et (ou) le pardon).

- La Loi de Dieu est exprimée aussi sous forme de commandements, de lois sociales et religieuses liées à un contexte particulier. Ces règlements, bien que n’étant plus applicables tels quels, contiennent en eux-mêmes une vérité perpétuelle (de nombreux textes de la Torah indiquent le caractère perpétuel de ses lois) et qu’il contient de déchiffrer et de traduire dans notre situation. Cette traduction est possible ; elle s'appuie sur la permanence de la condition humaine comme sur les objectifs perpétuels de la loi morale, et tient compte, bien sûr, de l'accomplissement du salut en Jésus-Christ.

LA VRAIE PLACE DE LA LOI DANS LA RELATION A DIEU

- La faute d’Israël a été de croire qu’il pouvait faire de l’observance à la Loi le moyen d’acheter les bienfaits de Dieu. La mort du Christ sur la croix révèle définitivement le caractère perfide que peut prendre ce système d’auto-justification, véritable tour de Babel morale. Désormais, le peuple de Dieu devra savoir qu’il ne vit et ne doit son salut qu’à la grâce de Dieu. Ainsi, nous ne sommes plus sous le joug de la " Loi " avec son éternel processus de culpabilisation-auto-justification (que Paul dénonce comme étant une malédiction : Gal.3/l0), mais nous sommes appelés dans la repentance et dans la foi, à vivre notre vie morale sur la base l’un salut acquis et dans la dynamique de l’Esprit (Gal.5/16-18).

- Dans cette lumière nouvelle et définitive, la Loi de Dieu prend sa vraie dimension. Les Réformateurs ayant proclamé haut et fort le salut par la foi seule, ils se devaient de recadrer la fonction de la loi au sein de cette théologie de la grâce. C’est donc d’eux que nous tenons cette distinction tripartite du rôle de la Loi dans l’Alliance de grâce.

1) La loi sert en premier lieu à connaître le péché. Tous les hommes ont une certaine conception du bien et du mal, mais celle-ci s’adapte ordinairement à la pratique de chaque individu de sorte qu’au tribunal intérieur chacun se considère comme acquitté. La révélation objective de l’ordre moral de Dieu (sainteté) est le fondement nécessaire à toute prise de conscience de la réalité du péché en soi (Rm.3/l9-20).

- Plus même ! Non seulement la Loi révèle le péché qui gît en l’humanité, mais elle le développe (Rm.5/20) car elle provoque en plus de la transgression de l’ordre, la révolte consciente contre le législateur. Celle-ci s’attise d’elle comme un véritable défi adressé à Dieu (Rm.7/7-l3). Ce faisant, la Loi rend manifeste l’état de notre cœur et doit nous conduire à recourir à la grâce (Rm.11/32).

2) Son second office consiste à limiter les dégâts du péché en faisant peser sur les consciences un devoir moral appuyé par la menace d’un jugement. Ainsi, même de mauvais gré, les hommes sont emmenés tant bien que mal à un minimum de droiture (1Tm.l/9-l0). " Cette justice contrainte et forcée est nécessaire à la communauté des hommes " nous dit avec justesse Jean Calvin. En même temps cette " loi de contrainte " prépare les enfants de Dieu à vivre leur vie chrétienne avant même leur régénération et le renouvellement de l’intelligence. Elle les préserve ainsi du danger que représente pour l’âme une vie sans borne et sans guide (Gal.3/23-24).

3) Enfin, la loi de Dieu révélée dans l’Ecriture sainte est utile au fidèle, car bien que l’Esprit reçu conduit le croyant à bien faire (Ez.36/27), celui-ci a besoin d’être éclairé par la Parole pour discerner quelle est l’action bonne et le comportement juste (1Th.4/9-12 ; 2Tm.3/16-17). De plus, la loi écrite contient les exhortations nécessaires pour que l’invocation de notre liberté en Christ ne devienne pas un prétexte pour laisser libre cours à la " chair " (Gal.5/13).

Lectures complémentaires
à télécharger


de Jean Calvin :
"Les trois usages de la loi morale" extrait de "L'Institution de la Religion Chrétienne" version française de 1560, volume II
Editions Kérygma-Farel ; Etats-Unis 1978 ; les pages 112 à 119
&
d'Antoinette Butte : "La Loi et la Sagesse" in Hokhma n°9/1978 (voir note ci-dessous) ; les pages 1 à 7

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Note : plusieurs articles ou extraits d'articles proposés dans ce site sont issus de la revue Hokhma dont le premier numéro date de 1976. Pour 18 euros, vous pouvez vous abonner à cette très intéressante revue de théologie qui paraît trois fois par an. Adresse pour la France :
Hokhma, c/o Croire Publications, 48 rue de Lille, F-75007 Paris.

3.

Histoire de l'Eglise (B/3)

Les causes de la Réforme

Luther

Les documents ci-dessous sont essentiellement issus d'un dossier catéchétique publié au début des années 70 par la Société des Ecoles du Dimanche et intitulé : "30 fiches d'histoire de l'Eglise". Ce dossier n'est plus édité.

J Dans un monde en pleine transformation, Luther apporte une réponse à l'angoissante question que se pose l'homme concernant son salut éternel.

J Le 31 octobre 1517, Luther affiche ses 95 thèses sur les indulgences ; cette, date marque le début de la Réforme.


I. - POURQUOI LA REFORME ?

1. - Au début du XVIe siècle le monde se trouve en totale transformation. Politiquement, les débris de l'empire de Charlemagne, remodelés par Charles-Quint, François 1er et Henri VIII prennent peu à peu le visage de l'Europe moderne. Socialement, la bourgeoisie jette dans les cités les fondements de son futur triomphe. Dans le domaine de la science, les inventions (imprimerie) et les grandes découvertes (Amérique) bouleversent l'horizon de l'homme dont l'art, la littérature et la philosophie excitent le génie créateur et le pouvoir absolu ; la traditionnelle référence à Dieu est bousculée. Nous sommes en pleine " Renaissance ".

2. - Mais ces feux d'artifice, qui ne touchent d'ailleurs qu'indirectement et de loin le petit peuple, n'arrivent pas à étouffer au coeur de l'homme la lancinante question : Comment serai-je sauvé ? Car les épidémies, les guerres, les " danses macabres ", les difficultés de la vie imposent à l'homme une véritable hantise de la mort et posent sans cesse le problème du salut.

Or l'Eglise de l'époque se montre incapable d'apporter à cette question une réponse valable. Elle enseigne, certes, que Jésus est mort pour payer le prix du péché des hommes. Mais noyée dans le fatras des légendes de saints et des dévotions étrangères à l'Evangile, cette doctrine n'atteint plus l'oreille des fidèles ; le Christ apparaît davantage comme un juge lointain et sévère que comme le Sauveur miséricordieux des hommes.

3. - D'ailleurs, les scandales de l'Eglise (luxe, corruption et ambitions temporelles de la papauté et de la hiérarchie, ignorance du bas-clergé) discréditent cette Eglise ; beaucoup d'humanistes, habitués à retourner aux sources, demandent une réforme profonde de la religion en conformité avec l'enseignement biblique.

II. - MARTIN LUTHER.

1. - Né en 1483, dans une famille de paysans saxons, il est l'homme choisi par Dieu pour être le guide spirituel de cette époque troublée, en proclamant bien haut l'Evangile du salut gratuit accordé par Dieu à ceux qui croient en Jésus-Christ.

Cette réalité du salut par grâce, Luther l'expérimente d'abord dans sa propre vie. Etudiant en droit, il manque d'être foudroyé lors d'un voyage et il voit dans cet incident un signe de Dieu qui l'appelle à lui consacrer sa vie. Entré en 1505 au couvent des Augustins, à Erfurt, il se donne passionnément à sa vie monacale : " Si jamais un moine est parvenu au ciel par sa moinerie, j'y serais bien arrivé aussi ", écrira-t-il.

2. - Mais quoi qu'il fasse, il se rend compte douloureusement qu'il ne sera jamais assez juste pour mériter le pardon de Dieu. L'étude de la Bible, dans la connaissance de laquelle ses fonctions de professeur en théologie le font progresser, lui révèle enfin (sans doute pendant l'hiver 1512-1513) la vérité : nul homme ne peut, par ses propres efforts, devenir un " juste ", c'est-à-dire un homme comme Dieu le veut. Mais dans son amour, Dieu nous donne sa justice acquise par son Fils mort sur la croix. Le salut n'est en rien notre oeuvre ; il est un don gratuit que Dieu fait à ceux qui se repentent et qui croient.

3. - L'affaire des indulgences contraint Luther à proclamer sa découverte. En 1515 le dominicain Tetzel commence à parcourir l'Allemagne en vendant des indulgences. Cette vente, et plus encore la fausse doctrine qui prétend la justifier, épouvantent le pasteur que Luther demeurera jusqu'à la fin de sa vie.

C'est ainsi que le 31 octobre 1517 Luther affiche à la porte de l'église du château de Wittenberg quatre-vingt-quinze thèses dénonçant le danger des indulgences. Ce manifeste, pourtant destiné à une simple discussion théologique, se répand partout comme une traînée de feu.

Ayant renoncé à toute timidité, soutenu par la certitude qu'il a puisée dans la Parole de Dieu, Martin Luther est, suivant sa propre expression, littéralement " emporté et chassé en avant " par son Dieu.

IlI. - LUTHER EXCOMMUNIÉ ET BANNI.

1. - Confronté successivement à Augsbourg avec le légat pontifical Cajetan, et à Leipzig, avec le théologien Eck, Luther se trouve placé en face de l'exigence brutale de la rétractation formulée par Rome qui n'admet aucune discussion. Il n'y consent pas et, en 1520, le pape Léon X lance contre lui une bulle d'excommunication que le réformateur brûle publiquement, en même temps que le code de droit canon, sous les murs de Wittenberg.

2. - La rupture est désormais consommée et Luther est déjà chassé de l'Eglise romaine, quand l'empereur Charles-Quint le cite devant la diète d'empire réunie à Worms (1521). Là devant les princes et des seigneurs réunis, Luther confesse l'autorité suprême, de la Parole de Dieu, seule règle de foi et de vie pour le chrétien évangélique : " Si l'on ne me convainc pas par le témoignage de l'Ecriture ou par des raisons décisives, je ne puis me rétracter. Car je ne crois ni à l'infaillibilité du pape, ni à celle des conciles, car il est manifeste qu'ils se sont souvent trompés et contredits. J'ai été vaincu par les arguments bibliques que j'ai cités, dit-il, et ma conscience est liée à la Parole de Dieu. Je ne puis et ne veux rien révoquer, car il est dangereux et il n'est pas juste d'agir contre sa propre conscience. Que Dieu me soit en aide. Amen. "

On demande alors à nouveau à Luther s'il doute vraiment de l'infaillibilité du concile. La réponse est nette : selon Luther le concile de Constance s'est prononcé contre des paroles absolument claires de l'Ecriture. Et Luther d'ajouter : " Je ne puis autrement, me voici. " Alors l'official qui a dirigé les débats lance une dernière exhortation qui éclaire bien le sens du conflit : " Abandonne ta conscience, frère Martin ; la seule chose qui soit sans danger est de se soumettre à l'autorité établie. " Luther sort de la salle. " J'ai traversé la fournaise ", dit-il à ses amis.

3. - Mis hors la loi (ce qu'il demeura pendant le reste de ses jours) le réformateur échappe à la mort grâce à la protection de son seigneur temporel, le prince, de Saxe, Frédéric le Sage, qui le fait enlever et cacher au château de la Wartbourg, près d'Eisenach.

Luther demeure dans cette retraite forcée jusqu'au 1er mars 1522, essentiellement occupé à traduire la Bible pour la rendre accessible au peuple. La traduction luthérienne de la Bible est non seulement le premier chef-d'oeuvre de la littérature allemande moderne, mais encore un instrument d'évangélisation qui a joué un grand rôle dans la diffusion de la Réforme.

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Citez les noms des principaux artistes, linguistes et penseurs de la Renaissance et celles de leurs oeuvres que vous connaissez. Quelles sont les caractères essentiels de la Renaissance. En quoi aident-ils ou contrarient-ils la Réforme ?

2. On a parfois dit de Luther qu'il est comme Abraham, qu'il " part sans savoir où il va ". (Héb. II : 9). En quoi cette comparaison vous semble-t-elle exacte ?

3. Cherchez dans Romains 1, dans Ephésiens 2 et dans Galates 2 des passages qui proclament le salut offert gratuitement à ceux qui croient.

Documents :

 

THESES SUR LES INDULGENCES

5. Le pape ne veut, ni ne peut remettre aucune peine, excepté celles qu'il a imposées soit de sa propre volonté, soit conformément aux canons.

6. Le pape ne peut remettre aucune faute, si ce n'est en déclarant et en affirmant qu'elle a été remise par Dieu, ou en la remettant avec certitude dans les cas qu'il s'est réservés ; si ceux-ci étaient méprisés, la faute subsisterait intégralement.

21. Ils errent donc, les prédicateurs des indulgences qui disent que par les indulgences du pape, l'homme est quitte de toute peine et qu'il est sauvé.

27. Ils prêchent des inventions humaines, ceux qui prétendent qu'aussitôt que l'argent résonne dans leur caisse, I'âme s'envole du Purgatoire.

30. Nul n'est certain de la sincérité de sa contrition, encore moins peut-il l'être de l'entière rémission.

31. Il est aussi rare de trouver un homme qui achète une vraie indulgence qu'un homme vraiment pénitent. Cela n'arrive presque jamais.

36. N'importe quel chrétien, vraiment repentant, a pleine rémission de la peine et de la faute ; elle lui est due même sans lettres d'indulgences.

62. Le véritable trésor de l'Eglise, c'est le très-saint Evangile de la gloire et de la grâce de Dieu.

63. Mais ce trésor jouit naturellement de peu d'estime ; car, par lui, les premiers deviennent les derniers.

64. Par contre, le trésor des indulgences jouit naturellement de la plus haute estime, car, par lui, les derniers deviennent les premiers.

67. Les indulgences dont les prédicateurs prônent à grands cris les mérites, n'en ont qu'un, celui de rapporter de l'argent.

94. Il faut exhorter les chrétiens à s'appliquer à suivre leur chef Christ à travers les peines, la mort et les enfers,

95. Et à espérer entrer au ciel, plus par de nombreuses tribulations que par l'illusoire assurance de la paix.

Martin LUTHER.

1. Qui peut réellement remettre les fautes ? Quel est le rôle du pape ou celui du prêtre dans ce pardon? (thèses 3 et 6).
2. A quelle situation fait allusion la thèse 27 ?
3. D'après l'ensemble de ces thèses essayez de définir les indulgences et leur rôle ?
4. Quelle disposition intérieure est nécessaire pour obtenir le pardon? (thèses 30, 31, 36.)
5. Quel est le grand trésor de l'Église ? Pourquoi est-il délaissé au profit des indulgences ?
6. Quelle est la condition du chrétien, son devoir et son espérance ?


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La réforme luthérienne

Zwingli

 

J La réforme luthérienne s'étend comme une traînée de poudre à travers l'Allemagne. Elle atteint bientôt la Scandinavie et éveille en France et en Suisse un écho prodigieux.

J A côté de Wittenberg un second foyer réformateur apparaît à Zurich, lié à la personne de Zwingli.

 

I. - LA REFORME SE CONSOLIDE.

1. - Puisque l'Église, au sein de laquelle il a été formé et à laquelle il veut faire part de sa joyeuse découverte du salut gratuit, le rejette, Luther se consacre à l'organisation de la Réforme.
- Il fixe les éléments essentiels du culte évangélique dans un traité publié sous le titre : " La Messe allemande ".
-
En présence de l'ignorance du peuple chrétien ainsi que des prêtres passés à la Réforme, à l'égard des points essentiels de la doctrine chrétienne, il publie le " Grand catéchisme " et le " Petit catéchisme ".
-
Il proclame le sacerdoce universel des croyants, montre la vanité des voeux monastiques et du célibat des prêtres, développe la doctrine évangélique des sacrements.
- Il compose un grand nombre de chorals exprimant la foi évangélique.

2. - La réforme est cependant menacée non seulement par ses adversaires, le pape et l'empereur, mais aussi par certains de ses partisans aux tendances extrêmes et souvent dangereuses.
Par ailleurs le climat social est difficile. La guerre des paysans place Luther et ses amis dans une situation délicate, en face de paysans révoltés et de chefs comme Thomas Münzer qui se veulent eux aussi inspirés par la Parole de Dieu.

3. - A la diète de Spire, en 1529, les princes évangéliques allemands " protestent " de leur foi chrétienne ; c'est de là que vient le nom de " protestants " donné aux adeptes de la Réforme.

4. - Mélanchthon est chargé de rédiger, pour la diète qui se tient à Augsbourg en 1530, en présence de Charles-Quint, une Confession de foi exprimant la doctrine des " protestants ". La Confession d'Augsbourg devient la confession de foi fondamentale de l'Église luthérienne.

II. - LA REFORME S'ETEND.

1. - L'influence de Luther dépasse largement les frontières allemandes. C'est par le moyen de l'imprimerie que ses écrits se propagent dans la plus grande partie de l'Europe ; c'est aussi par le zèle de ses disciples que les idées nouvelles franchissent les frontières.

2. - A la mort de Luther en 1546, ses disciples poursuivent l'oeuvre entreprise.
Mélanchthon, grand ami de Luther, est l'un de ses plus fidèles disciples, bien qu'il demeure aussi un grand admirateur de l'humaniste Erasme. Il ne partage pas toujours les vues radicales de Luther concernant l'homme et essaie toujours de réconcilier protestants et catholiques romains.

3. - Le luthéranisme, à la faveur des princes, pénètre dans le nord de l'Allemagne. Lors de la paix d'Augsbourg, en 1555, qui partage l'Allemagne entre luthériens et catholiques selon le principe que les sujets doivent adopter la religion du prince, les deux tiers du pays sont luthériens.

4. - Le luthéranisme s'implante aussi rapidement au Danemark, en Norvège, en Suède, en Finlande.

Ill. - ZWINGLI.

1. - Le principal réformateur de la Suisse alémanique, Huldrych Zwingli, est né en 1484 non loin de l'antique abbaye de Saint-Gall. Appartenant à une famille paysanne toute dévouée aux intérêts de l'Eglise, il reçoit sa première éducation chez un oncle qui est prêtre. Après avoir achevé à Berne ses études latines, il fréquente les universités de Vienne et de Bâle.

2. - Ordonné prêtre en 1506, Zwingli devient curé de Glaris puis chapelain à Ensiedeln, un célèbre lieu de pèlerinage. Il étudie avec ardeur le Nouveau Testament. D'abord disciple d'Erasme, il ne tarde pas à s'écarter de son maître. Alors qu'Erasme considère dans le christianisme la meilleure des religions, Zwingli commence à découvrir que, dans la foi, c'est Dieu lui-même qui nous interpelle.

3. - A l'âge de trente-quatre ans, Zwingli est appelé à Zurich où se déroule le reste de sa carrière.

Après avoir échappé à la peste et éprouvé la délivrance de Dieu, Zwingli est prêt pour sa mission de réforme. Il renonce d'abord à la pension que Rome lui servait depuis le temps où il était curé de Glaris. Puis il s'élève contre le jeûne du carême ; et dans un écrit adressé à l'évêque de Constance, écrit intitulé " Premier et dernier mot ", il affirme l'autorité souveraine des Ecritures. Enfin il se démet officiellement de ses fonctions sacerdotales.

4. - Aussitôt engagé comme prédicateur par les autorités civiles, Zwingli fait triompher les idées évangéliques à la première Dispute de Zurich. Ces idées, nous les trouvons exposées, de manière remarquable, dans la " Brève instruction chrétienne ". En 1525, il demande l'abolition de la messe.

5. - Ayant réformé l'Eglise de Zurich, Zwingli contribue à l'expansion des idées évangéliques en Suisse alémaniques. Il participe ainsi à la Dispute de Berne, à l'issue de laquelle, touchés par ses arguments, les Bernois décident d'adopter la Réforme. Cette décision entraîne le rattachement au protestantisme du pays de Vaud et de plusieurs villes romandes situées alors dans la zone d'influence bernoise.

6. - Accompagnant, en qualité d'aumônier, les troupes zurichoises chargées de tenir en respect les armées des cantons catholiques de la Suisse centrale, Zwingli est tué à la bataille de Cappel (1531); c'est la fin de l'expansion évangélique parmi les cantons alémaniques.

THEMES DE TRAVAUX ET DE RECHERCHES.

1. Que vous apprend le choral de Luther . " C'est un rempart que notre Dieu ", au sujet de la foi ?

2. Que signifie concrètement pour nous le fait d'être, comme Luther, liés à la Parole de Dieu ?

3. Cherchez dans 1 Pierre 2 l'un des fondements bibliques de la doctrine du sacerdoce universel des croyants. En quoi consiste ce sacerdoce pour chacun de nous ?

 

Documents :

 

PREFACE DU PETIT CATECHISME

Ce, qui m'a pressé et contraint de présenter ce catéchisme ou doctrine chrétienne sous cette forme concise, dépouillée et simple, c'est l'état de misère lamentable que j'ai constaté récemment dans mes fonctions d'inspecteur. Dieu de miséricorde, à l'aide ! De quelles misères n'ai-je été le témoin ! L'homme du commun, surtout dans les villages, ignore tout de la doctrine chrétienne ; un grand nombre de pasteurs, hélas ! sont fort malhabiles et incapables de l'enseigner. Tous s'appellent chrétiens, sont baptisés et reçoivent le Saint Sacrement ; et ils ne savent ni le Notre Père, ni la Foi, ni les Dix Commandements. Ils vivent comme du bétail insouciant et des pourceaux privés de raison. Maintenant que l'Evangile est venu, la seule chose qu'ils aient apprise parfaitement, c'est d'abuser en maîtres de toutes les libertés. 0 évêques, comment assumerez-vous devant le Christ la responsabilité d'avoir si honteusement abandonné le peuple et de n'avoir jamais rempli les devoirs de votre ministère ?

Je vous en supplie donc, pour l'amour de Dieu, vous tous, mes chers sieurs et frères, qui êtes pasteurs et prédicateurs, prenez à coeur votre ministère ; ayez pitié de ce peuple qui vous est confié ; aidez-nous à faire pénétrer le catéchisme parmi les gens, surtout parmi la jeunesse. Que ceux qui ne peuvent faire mieux recourent à ces tableaux et à ces formules et les inculquent au peuple, mot à mot.

Quant à ceux qui se refusent à apprendre ces points, déclarez-leur qu'ils renient le Christ et qu'ils ne sont pas chrétiens. Ne les acceptez pas au Sacrement; ne les laissez ni présenter un enfant au baptême, ni user d'aucun des droits de la liberté chrétienne. Renvoyez-les purement et simplement au pape et à ses officialités et, en plus, au diable lui-même.

Car, bien qu'on ne doive et qu'on ne puisse forcer personne à croire, il faut pourtant instruire la foule et conduire les gens de telle manière qu'ils sachent ce qui est considéré comme le bien et le mal par ceux auprès de qui ils entendent trouver logement, nourriture et subsistance.

Martin LUTHER.

1. Quelles sont les raisons pour lesquelles Luther rédige un catéchisme ?
2. Quels points essentiels de la doctrine chrétienne les croyants doivent-ils connaître ? (La Foi dont il est ici question, c'est le Symbole des Apôtres.)
3. Qui est responsable de l'ignorance des chrétiens en matière de doctrine ?
4. Quelles recommandations Luther adresse-t-il aux éducateurs ?
5. Quelle attitude l'Église doit-elle avoir à l'égard de ceux qui refusent d'apprendre le catéchisme ?